Un plan d'investissement et une chanson pour l'Europe

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, au Parlement de Strasbourg, le 22 octobre 2014. (CHRISTIAN LUTZ / AP / SIPA )

1972 :  l'Angleterre entrait dans la Communauté Economique Européenne (CEE), comme on l'appelait alors, et l'année suivante, Roxy Music sortait A Song For Europe, devenu depuis un des classiques du groupe anglais. Le morceau ne trahissait pas un engouement franc et massif pour l'idéal européen et de manière diffuse, exhalait même un certain parfum de nostalgie avec un personnage se rappelant son passé et un amour perdu. Etaient-ce là déjà les prémisses d'un euro-scepticisme qui ne fait que grandir (notamment en Angleterre avec le parti Ukip de Nigel Farage) ? Néanmoins Bryan Ferry, leader de Roxy Music, chantait quelques phrases en italien, en espagnol, en Français, célébrant ainsi, par la langue (et ainsi la culture), une union européenne récemment acquise par les Anglais.

2014 : l'Europe fait rêver de moins en moins et si un groupe sortait aujourd'hui un titre intitulé A Song for Europe, il ne ferait pas un euro. Ce n'est pas nouveau mais la crise qui touche tous les pays de l'Union Européenne (UE) n'a pas aidé. Ni les politiques d'austérité qui ont été imposées aux gouvernements par l'UE et la Banque Centrale Européenne : un remède de cheval risquant plus de tuer le malade que de le soigner et surtout jugé inefficace. Aujourd'hui, Jean-Claude Juncker a dévoilé un plan d'investissement de 315 milliards visant à relancer la croissance et l'emploi. Nous passerons rapidement sur les derniers aléas du président de la Commission européenne (dîtes l'affaire Ikea), qui risquent quand même de fragiliser la position et la parole du Luxembourgeois (l'euro-scepticisme n'avait pas besoin de cela pour grandir mais disons que cela n'aide pas).

Mais au-delà de l'aspect stricto sensu économique (que les experts ne manqueront pas de décortiquer allègrement), on ne pourra qu'avoir une pensée nostalgique - à notre tour - pour un temps pas si lointain où l'Europe pouvait faire rêver pour un idéal de fraternité, de politique commune de Défense, d'harmonisation fiscale et sociale (autant de gros mots pour les Souverainistes). Et pas forcément pour un seul plan d'investissement basé sur "Un nouveau Fonds, baptisé Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS),qui doit servir à financer des projets dont le profil de risque est supérieur à celui de ceux que soutient traditionnellement la Banque européenne d'investissement (BEI), le bras financier de l'UE." Etc Etc...C'est effectivement nécessaire, sans doute vital, pas forcément efficace mais une chose est sûre : cela ne fait pas vraiment rêver.

De quoi donner envie de réécouter cette jolie chanson qu'est A Song for Europe. Cette fois dans une version alternative par l'Allemande Michaela Melian. Pas de ligne en allemand mais une interprétation vocale plus proche du cabaret berlinois.

Peut-être pour aussi sous-entendre que l'Europe en 2014, c'est aussi et surtout une certaine femme allemande qui la dirige.