François Hollande : de la promesse et de la balle dans le pied

Le président de la République, François Hollande, le 6 novembre 2014 sur TF1. (MARTIN BUREAU / AFP)

La promesse est au politicien, ce que le bistouri est au chirurgien. Son outil préféré. En l'occurrence, la promesse n'est pas utilisée pour guérir les maux, mais souvent pour se faire élire. Rappelons-nous tout de même que Raymond Barre ("la France vit au-dessus de ses moyens" dès 1976) ou Lionel Jospin ("L'Etat ne peut pas tout" en 1999), deux exemples de sobriété et de mesure en politique, ont totalement échoué dans leur course à l'Elysée. Les Français ont un côté schizophrène et n'aiment que ceux qui leur promettent la lune. Tout en se faisant un malin plaisir de les dégommer ensuite.

Intéressons-nous à François Hollande. Pourquoi diable fait-il des promesses qui ne dépendent pas - loin de là - de sa seule action et de sa seule volonté ? Nicolas Sarkozy a beau dire qu'il va abroger la Loi Taubira, ce qui est impossible, mais au moins, il le fait à ses seuls militants avec comme perspective de résolution, 2017 minimum, voire 2022 (et il aura le temps de changer d'avis douze fois d'ici là). François Hollande lui affirme à la télévision, droit dans les yeux, devant des millions de français pour un résultat à très court terme. Cette histoire de courbe du chômage qui devait être inversée, formule répétée, mois après mois, telle une incantation, aurait dû le vacciner de tout positivisme naïf. Tout le monde s'est focalisé sur cette fameuse courbe, risquant l'astigmatisme en guettant le moindre frémissement. Avec à la clef, une énorme déception et une perte de crédibilité présidentielle.

Il s'était déjà tiré une balle dans le pied, voilà qu'il récidive (à ce rythme-là, il va vraiment avoir des problèmes pour marcher) avec les impôts, comme nouvelle marotte. A partir de l'année prochaine, il n'y aura pas d'impôt supplémentaire sur qui que ce soit" a-t-il dit le 6 novembre sur TF1 dans cette exercice médiatique qui appelle à faire de grandes révélations - quitte à prendre des libertés avec le réalisme. Christian Eckert, le secrétaire d'Etat au Budget, a retoqué la promesse présidentielle par son "On ne peut pas graver dans le marbre une situation qui dépend d'un contexte international que nous ne maîtrisons pas.". Depuis, tout le monde au gouvernement rame et la une hier du Journal du Dimanche, avec son "Taxes sur les ménages : 3 milliards de plus en 2015", ne va pas faire taire la perplexité ambiante.

Dans sa chanson Les Promesses, Autour de Lucie se demande justement "où vont toutes les promesses que l'on croit tenir ? Par quelle maladresse les laisse-t-on s'enfuir ?". Maladresse, le mot est juste. Sauf qu'à ce niveau-là, cela devient une erreur politique majeure. Et l'endroit où finissent toutes les promesses des politiciens doit finir, avec le temps, par avoir la hauteur de l'Everest.