Elections Brésiliennes : Dilma, Marina et la voix de la masse

La présidente brésilienne, Dilma Rousseff, lors d'un discours à Brasilia, le 3 septembre 2014. (ERALDO PERES / AP / SIPA)

Tiens parlons du Brésil. Je sais qu'il n'y a pas de Coupe du Monde, que ce n'est pas la période du carnaval de Rio, que les Jeux Olympiques n'auront lieu qu'en 2016 mais le géant d'Amérique du sud mérite que l'on s'y intéresse plus régulièrement. Et l'élection présidentielle, premier tour le 5 octobre, second, le 26, nous en donne l'occasion.

L'affiche est alléchante. A ma gauche, Dilma Rousseff, présidente en titre, membre du Parti des Travailleurs. A ma droite, Marina Silva, ex membre du Parti des Travailleurs et du Parti vert et actuellement candidate du Parti Socialiste Brésilien. Un combat fratricide entre deux politiciennes de gauche (même si Marina Silva, proche de l'Eglise  Pentecôtiste, a des idées sociétales très conservatrices) qui ont été des proches du président Lula, en tant que ministres de son gouvernement.

C'est un peu Dallas qui se joue sous les Tropiques. Un scénario hollywoodien rendu encore plus fort par la propre histoire de Silva, devenue candidate de son parti suite au décès d'Eduardo Campos le 13 août 2014. Silva est issue d'un milieu très modeste du nord du pays, orpheline à 16 ans et ayant travaillé comme femme de chambre pour subsister. Une vraie femme du peuple.

Le peuple, justement. A-t-il vraiment bénéficié du formidable essor économique du pays qui l'a porté à la septième place des puissances économiques ? Le pays est considéré comme le champion du monde des inégalités sociales avec plus de 25 % des habitants vivant dans des bidonvilles. Un pays riche avec une économie qui va mal (le pays vient de rentrer en récession et les prix explosent) Dans Voz da Massa (la voix de la masse), Seu Jorge se fait le porte-parole d'un peuple pleurant sur l'état de son pays (Qui s'occupe de notre Brésil ? Qui va libérer les gens de la douleur ?). Pour le musicien, même " sa samba est cassée". La musique s'en ressent, pas de quoi égayer un carnaval (encore que Seu Jorge fait toujours bouger le popotin) mais exprimant un sentiment partagé justement par la masse des Brésiliens. La chanson date de 2005, les manifestations anti-coupe du monde ont montré qu'elle était peut-être encore d'actualité.