Nous avions compris que le procès de l’ancien président de la République faisait grincer des dents à tous les étages. Les politiques, en grande majorité, disaient qu’il arrivait trop tard. Les autorités judiciaires faisaient tout pour minimiser l’intérêt de ce rendez-vous, à commencer dans son organisation médiatique.
Ce report aux calendes grecques est-il le fruit du hasard ou l’issue d’un plan concerté ? Chacun ira de son commentaire.
Le dossier pour lequel Jacques Chirac devait être jugé pour 21 emplois présumés fictifs de la Ville de Paris est prêt depuis le 30 octobre 2009, date à laquelle la juge Xavière Siméoni a signé son ordonnance de renvoi. Le parquet de Paris n’ayant pas fait appel de cette décision, malgré des réquisitions de renvoi, le procès pouvait se tenir à la fin de l’année 2010.
Seulement, on l’a déjà évoqué ici, après avoir soutenu le contraire, les avocats de J Chirac ont souhaité et obtenu que l’ancien Chef de l’Etat soit jugé pour les deux dossiers, Paris et Nanterre, en même temps. D’où ce report jusqu’au 7 mars…..
Depuis trois jours, ils soutiennent mordicus qu’ils sont étrangers à la demande qui a été faite par le conseil d’un des co-prévenus. On voudrait les croire. Notons que l’avocat, par qui le renvoi est arrivé, est celui d’un ancien directeur de cabinet de l’ancien Maire de Paris.
Le président du tribunal Dominique Pauthe et ses deux assesseurs se sont, au cours des différentes audiences de procédure, montrés agacés par les récurrentes demandes de report émanant principalement des conseils de l’ancien président. En janvier dernier, c’était un sursis à statuer qui était demandé en attendant que le tribunal administratif tranche l’accord avec l’actuelle Mairie de Paris.
Face à cette derrière carte abattue miraculeusement à deux jours du procès, Dominique Pauthe n’avait pas le choix. Seul contre tous. La défense était unanime. Le procureur de la république appuyait la demande de QPC. Même l’association Anticor, partie civile principale, ne s’opposait pas à l’audience au renvoi des deux dossiers avant de dénoncer face aux caméras « un déni de justice ».
Si le président du tribunal avait refusé la QPC, il aurait pris le risque de se voir accusé d’instruire à l’encontre de Jacques Chirac un procès non équitable.
Le 20 juin, les avocats du dossier, sans leur client, se retrouveront pour faire un état de la procédure. La cour de cassation aura-t-elle saisie le conseil constitutionnel ? Dans la négative, le tribunal reprendra la main. Dans l’affirmative, que décideront les Sages du Palais-Royal ? Soit, ils rejettent la QPC, et c’est retour au tribunal. Soit, ils donnent raison aux avocats et les faits étant prescrits, le volet parisien tombe en poussière. Reste le volet de Nanterre, celui dans lequel Alain Juppé a été condamné et dans lequel seul Jacques Chirac est poursuivi……
Le président Pauthe se retrouvera alors face à des problèmes déjà rencontrés. Trouver des dates d’audience compatibles avec le calendrier des avocats. M° Jean Veil, qui a déjà avec Kerviel et AZF, un planning bien rempli dans l’année qui vient, l’a déjà plaidé hier. « Peut-on juger l’ancien Président à l’approche de l’élection présidentielle de 2012 ? »
On peut déjà prendre ici le pari qu’à l’approche de cet éventuel nouveau rendez-vous judiciaire, les avocats sortiront de leur gibecière d’autres cartouches et que les rumeurs sur l’état de santé de Jacques Chirac ressurgiront.
Au regard de l’histoire judiciaire, le procès de Jacques Chirac a duré deux jours. En l’absence de l’intéressé.