Dépaysement rime avec apaisement.
L’affaire Bettencourt n’est pas la première à être ainsi déporter vers une autre juridiction. C’est en général le lot des affaires sensibles, politiques. Les dossiers Urba, Carignon, Bernard Bonnet, la profanation du cimetière de Carpentras ont ainsi été confiés à des juges d’autres ressorts juridictionnels.
Tout le monde était d’accord pour dire que le climat qui règne à Nanterre devait forcement débouché sur un transfert géographique. Hier en fin de journée, on a assisté à un glissement de terrain.
Le parquet général de la cour de cassation préconisait Paris. Le TGI de Lyon, à deux heures de la capitale en TGV, était évoqué à demi-mots. Ce sera le Sud, Bordeaux. Aucun des magistrats de cette juridiction ne s’attendait à hériter d’un tel dossier. Les chefs de juridiction vont donc devoir très rapidement nommés des juges pour se pencher sur l’abus de faiblesse abandonné de force par Isabelle Prévost-Desprez et sur les dossiers lancés par le procureur Courroye.
On l’a déjà dit ici, cela va considérablement ralentir la machine judiciaire et reculer dans les temps les échéances.
Un dépaysement pour une bonne administration de la justice mais qui va engendrer des frais supplémentaires pour les avocats du dossier. Même si la plupart d’entre eux vont être obligés de prendre un confrère correspondant à Bordeaux, les conseils parisiens vont être amenés à faire la navette assez souvent.
En ne choisissant pas Paris, les magistrats de la chambre criminelle ont en tout cas retiré une épingle du pied de l’actuel procureur de la république de Nanterre.
Ce dernier pourrait toujours être amené à prendre la place de l’actuel procureur de la république de Paris, Jean-Claude Marin. Cela semblait difficile, pour ne pas dire impossible, s’il devait, par cette mutation, retrouvé un jour des dossiers qui lui ont été retirés à Nanterre.