Officiellement, on ne sait rien sur la teneur du dossier instruit par Isabelle Prévost-Desprez. Elle auditionne les anciens employés de maison de Liliane Bettencourt. Par commission rogatoire, elle a saisit les enquêteurs de la brigade financière afin qu’ils mènent des perquisitions. Qu’a-t-elle trouvé comme élément à charge, ou à décharge, contre le seul à être visé pour l’instant par la plainte ? Nul ne le sait.
Parallèlement, le portrait du photographe François-Marie Banier s’assombrit de jour en jour.
Le premier coup fatal a été porté par Liliane Bettencourt elle-même. A la mi-juillet, elle a révisé son opinion et sa copie concernant son ami. D’un trait de plume, elle l’a rayé de son testament établi en 2007 alors qu’il apparaissait comme légataire universel. En réécrivant ses « dernières volontés », Mme Bettencourt prive le photographe de 8% de sa fortune, soit plus d’un milliard d’euros. Ma cliente a « estimé qu’elle avait déjà beaucoup donné à M. Banier » avait alors justifié son avocat M° Georges Kiejman.
Le second a été porté hier par la société l’Oréal. François-Marie Banier y est désormais indésirable. Celui qui avait été engagé comme consultant pour apporter son savoir et sa réputation sent le soufre au royaume des cosmétiques. Les contrats ont été rompus pour « mettre fin au bruit médiatique préjudiciable à l’entreprise ». Il y a quelques semaines, la même direction renouvelait sa confiance à l’ami de Mme Bettencourt, soutenant que sa participation était effective. Les contrats qui liaient l’Oréal à la société créée par M. Banier s’élevaient à la modique somme de 710 000 euros.
Ces deux décisions spectaculaires issues de celle qui hier était la bienfaitrice de l’écrivain ne sont évidemment pas des preuves de culpabilité. On peut simplement parler d’une prise de distance, si ce n’est d’un lâchage.
Le portefeuille de François-Marie Banier semble s’alléger aussi rapidement que son dossier s’alourdit. A ses contrariétés, il faut ajouter un changement dans sa défense. Avec son avocat M° Hervé Temime ils ont décidé de se séparer d’un commun accord. Des incompatibilités, divergences, et tensions auraient précipités cette rupture.
Face à toutes ses pérégrinations, François-Marie Banier est le seul à garder le silence. Il se contente de photographier dans les salons, ou dans les manifs comme le 7 septembre dernier.
François-Marie Banier est-il coupable d’abus de faiblesse ? Seule la justice est habilitée à répondre. Mais la réponse risque d’être encore longue à venir.