L’interview n’est pas encore publiée dans son intégralité qu’elle provoque déjà des réactions épidermiques.
Dans un entretien accordé au « Figaro Magazine » qui sort demain, Brice Hortefeux livre ses réflexions sur la justice. L’actuel ministre de l’Intérieur dresse le catalogue de ce qui le choque et qu’il voudrait voir réformer.
Une prise de parole qui intervient 15 jours après ces déclarations suite à la non-incarcération d’un suspect dans le braquage du casino d’Uriage.
« Il y a un décalage énorme, dit-il, entre la souffrance des victimes et la réponse pénale apportée par une minorité de magistrats ». Une minorité de magistrats qui pousse Brice Hortefeux à se transformer en ministre de la justice bis.
Ainsi, il se déclare favorable à la présence des jurés aux cotés des juges d’application des peines. Il voit d’un bon œil l’abrogation d’une disposition permettant l’aménagement de toute peine inférieure ou égale à 2 ans de prison ferme. Une disposition entrée dans la loi l’an dernier à l’initiative de sa collègue de la place Vendôme.
Pour le ministre de l’Intérieur, il faut abaisser l’âge de la majorité pénale à 16 ans, au lieu de 18 ans actuellement.
Comme l’avait évoqué la semaine dernière Nicolas Sarkozy, il appelle de tous ses vœux la présence de citoyens auprès des juges correctionnels.
Dernière réflexion du ministre de l’Intérieur et pas des moindres, l’élection des juges d’application des peines et des présidents de tribunaux correctionnels. Pour Brice Hortefeux, il y aurait donc deux sortes de juges, ceux qui occuperaient leur poste suite à des nominations et ceux qui seraient issus d’une élection…..
La réaction des syndicats ne sait pas fait attendre. Les magistrats que nous avons rencontrés aujourd’hui sont sur la même ligne. « C’est affligeant et démagogique » a réagit Christophe Régnard au nom de l’USM. « Les magistrats en ont assez de voir la justice devenue le point de fixation de la communication gouvernementale » enchaîne Mathieu Bonduelle pour le SM.
Ce n’est pas la première fois que le locataire de la Chancellerie se prend des prises de position tranchées de la part de son homologue de la place Beauvau. Elisabeth Guigou et Dominique Perben ont vécu la même chose avec Jean Pierre Chevènement et Nicolas Sarkozy. Entendre le Garde des Sceaux marcher sur les plates-bandes de son collègue et attaquer de front les policiers est assez rare.
Robert Badinter, qui occupa lui même le poste de la ministre de la justice, y est allé de sa petite pique d'avocat. "Je ne savais pas Hortefeux Garde des Sceaux bis".
Officiellement, Michèle Alliot-Marie ne se dit pas offusquée de cette ingérence. « Les idées et les propositions appartiennent à tout le monde » dit en substance son cabinet. On attend donc que dans une prochaine interview, Michèle Alliot-Marie ancienne ministre de l’Intérieur, dresse son programme pour la police.