L'affaire Woerth-Bettencourt ne sera pas le feuilleton de l'été. Elle se poursuit et promet d'occuper la chronique judiciaire et politique pendant encore de nombreuses semaines.
Petit rappel des derniers soubresauts pour ceux qui auraient manqué les épisodes précédents. D'abord la cour d'appel de Versailles se prononcera le 14 septembre sur les incidents de procédure soulevés par M° Kiejman après la décision du tribunal correctionnel de Nanterre de confier à la présidente de kla 14 ème chambre un supplément d'information dans le volet "abus de faiblesse".
Ensuite le même Georges Kiejman a annoncé ce week-end que sa cliente, Mmme Bettencourt mère, avait modifié son testament durant le mois de juillet. François-Marie Banier n'est plus son légataire universel. "Je lui ai donné beaucoup" estime -t-elle en substance. L'avocat ne dit pas si le photographe reste toujours l'ami de la milliardaire. Mais derrière cette décision, on aura compris le message. Liliane Bettencourt a agit en toute indépendance et tient à souligner qu'elle n'est aucunement sous l'emprise de M. Banier.
Enfin, alors que certains hommes politiques, avocats, magistrats s'étonnent que le procureur de la République de Nanterre n'ait pas ancore ouvert une information judiciaire et confié ses trois dossiers à un juge d'instruction, la partie la plus politique de l'affaire gravit les étages de l'institution judiciaire. L'un des plus hauts magistrats de France, Jean Louis Nadal, procureur général près de la cour de cassation, a demandé à avoir une copie du dossier concernat l'actuel Ministre du travail.
En aucune façon, il ne s'agit d'un dessaisissement. En aucune façon, il ne s'agit d'un désavoeu à l'égard de Philippe Courroye.
M. Nadal a été saisi par courrier le 13 août par une justiciable. Pas n'importe laquelle: Corinne Lepage, députée européennet et avocate. Elle a usé d'un artifice légal. N'étant pas victime à part entière d'une éventuelle infraction reprochée à M. Woerth, elle a saisi le procureur général près la cour de cassation, comme le prévoit les textes qui régissent la cour de justice de la République. Ce dernier a considéré qu'il ne pouvait pas ignorer cette demande. Il a donc demandé 4 jours plus tard à Philippe Ingall-Montagnier, procureur général de Versailles, supérieur hiérarchique de Philippe Courroye, de lui fournir copie du dossier. Le procureur général de Versailles doit accompagner cet envoi d'une analyse et d'un avis sur la suite à donner à cette procédure.
Dans le même temps, Jean Louis Nadal a demandé à l'Inspection générale des Finances une copie du rapport qui en juillet avait blanchit l'ancien ministre du Budget.
La cour de cassation attend dans les jours prochains le retour de ces demandes. Jean Louis Nadal a deux solutions. Soit, il considère qu'il y a des éléments compromettants le ministre. il saisira alors la commision des requêtes de la cour de justice qui étudiera à son tour le dossier. Seule cette commission est habilitée à saisir la commission d'instruction de la CJR. Soit, son analyse écarte toute incrimination contre M. Woerth et le courrier de Corinne Lepage restera lettre morte.
Dans le premier cas, cela sera évidemment un signe fort envoyé à Philippe Courroye qui pour l'instant à seul la maîtrise du dossier. L'amorce d'une saisine de la cour de justice de la République aura une conséquence sur le maintien du ministre au gouvernement.
Dans le second cas, cela confortera Philippe Courroye dans son choix de ne pas ouvrir une information judiciaire, et cela confortera Eric Woerth à son poste au ministère du Travail.
En un mot, la décision de Jean Louis Nadal peut faire "boum" comme elle peut faire "pschitt"....