Affaire Woerth-Bettencourt: chercher le juge d'instruction

 

On ne sait si cela le réjouit ou si cela l’inquiète mais François-Marie Banier est passé au second plan de l’affaire Bettencourt. Le dossier d’abus de faiblesse est désormais éclipsé par celui devenu depuis plusieurs semaines le dossier Woerth.

 

Les deux affaires font l’objet d’enquêtes judiciaires. La première affaire est entre les mains du tribunal correctionnel de Nanterre présidé par Isabelle Prévost-Desprez. Son supplément d’information qui porte sur les enregistrements effectués par l’ex majordome de Liliane Bettencourt est stoppé par l’appel du parquet. La cour d’appel de Versailles ne s’est pas encore prononcée. L’instruction est donc au poing mort. Philippe Courroye, le procureur de la république, considère que ce supplément est superfétatoire dans la mesure où il a diligenté de son coté une enquête préliminaire sur le même contentieux.

 

Depuis l’affaire de la milliardaire s’est enrichi d’un nouveau volet. Il ne s’agit plus de sommes d’argent conséquentes à l’intention du photographe écrivain mais en direction d’hommes politiques de la majorité, parmi lesquels l’actuel Chef de l’Etat, via le ministre du travail, anciennement ministre du budget. Là encore, le parquet de Nanterre s’est saisi du dossier, sous la forme déjà connue d’une enquête préliminaire.

 

Certes la justice est saisie. Certes la police enquête. Nous l’avons vu hier avec la nouvelle audition de Claire Thibout, l’ex-comptable, et sa confrontation avec Patrice de Maistre, gestionnaire de la fortune de Mme Bettencourt. On le voit aujourd’hui avec les perquisitions effectuées au domicile et bureau de M de Maistre par la même brigade financière.

 

Deux enquêtes préliminaires qui se font sous la férule du même homme : Philippe Courroye. Juge d’instruction respecté lorsqu’il exerçait à Lyon et au pole financier de Paris, il est devenu un magistrat controversé depuis qu’il a rejoint le parquet des Hauts de Seine. Celui que l’on saluait pour son indépendance lorsqu’il instruisait les dossiers Carignon, Noir, Pasqua, a revêtu, de par son statut de parquetier, les habits du magistrat dépendant du pouvoir exécutif. Philippe Courroye, qui se défend d’être un proche de Nicolas Sarkozy, a été nommé à ce poste contre l’avis du CSM. Il est aujourd’hui dépendant de sa hiérarchie. Autrement dit, via le parquet général de Versailles, du ministère de la Justice, de ceux qui l’ont nommé.

 

Il est loin le temps où Isabelle Prévost-Desprez et Philippe Courroye travaillaient main dans la main au pôle financier de la rue des Italiens. Aujourd’hui, chaque décision prise par l’un n’a pour seul but que de gêner le travail de l’autre.

 

En fin de journée, le parquet a annoncé l'ouverture d'une troisième enquête préliminaire sur un possible blanchiment de fraude fiscale. On ne sait pas trop à quoi ces trois procédures vont aboutir. Ces derniers jours l’ont prouvé. L’enquête se fait autant dans la presse que devant la police.  

 

Si l’on voulait démontrer que le juge d’instruction était peut –être dans ce genre d’affaires la seule garantie d’indépendante et d’équité, on ne s’en serait pas pris autrement.

Publié par Dominique Verdeilhan / Catégories : Ma chronique