Les mauvais chiffres des suicides en prison

 

Un magistrat à la tête des prisons. Jean Amédée Lathoud n’est pas le premier à prendre la tête de l’Administration Pénitentiaire. L’ex procureur de la République de Paris Jean-Pierre Dintilhac a occupé ce poste avant d’être nommé Directeur de la Gendarmerie.

 

M. Lathoud, qui fait remarquer qu’il n’est jamais resté plus de 5 ans au même poste, a fait toute sa carrière dans la magistrature. Au parquet. Ses différentes nominations l’ont amené successivement à Lyon, à Douai, et dernièrement au parquet général  de la cour d’Appel de Versailles. Une carrière durant laquelle il a eu à gérer des dossiers aussi sensibles que celui de Michel Noir, Alain Carignon, Alain Juppé, mais aussi l’affaire Outreau, du Concorde…

 

Le haut magistrat se dit désireux d’inciter ses collègues à s’immerger le plus possible dans le milieu carcéral. « La peine est toujours le cœur du métier de magistrat » insiste-t-il.

 

Cet après midi, Jean-Marie Delarue, le contrôleur  général des lieux de privation de liberté doit lui remettre son rapport annuel. Nommé en juin 2008, ce conseiller d’Etat a pour mission de passer au crible les 5 800 lieux d’enfermement de l’Hexagone. Les prisons mais aussi les locaux de garde à vue, les dépôts des palais de justice ou les hôpitaux psychiatriques.

 

L’an dernier, lors de la remise de son précédent rapport, M. Delarue avait dénoncé le « sentiment d’arbitraire » qui règne dans la garde à vue. « Ce n’est pas digne de la France de 2009 » avait-il alors déclaré. Que dira-t-il cette année alors que ces dernières semaines la polémique sur leur nombre et les conditions dans lesquelles elles se déroulent à enfler.

 

Dans son rapport, le contrôleur général doit également dresser en tableau des préconisions qu’il recommande pour une détention plus humaine.

 

Mais encore une fois, en matière carcérale, ce sont les chiffres qui sont les plus parlants.

 

Au 1 er février 2010, 61 363 personnes sont détenues en France. Une hausse mensuelle de 0,6%. Dans le même temps, le parc pénitentiaire compte 55 293 places. 15 853 sont en détention provisoire. 665 sont des mineurs. En mars de l’année dernière, il y avait 62 700 détenus pour 52 535 places.

 

En 2009, 115 prisonniers se sont suicidés. On passe à 122 si on comptabilise ceux qui bénéficient de mesures de semi-liberté. Un chiffre en constante augmentation. Il était de 109 en 2008, 96 en 2007, 93 en 2006. 13 suicides seraient à déplorer depuis le début de l’année. L’administration pénitentiaire ne souhaite pas en revanche communiquer sur le nombre de tentatives de suicide. Jean-Marie Delarue avait évoqué le chiffre de plus de 1 000 par an.

 

Mais il n’y a pas que les détenus qui mettent fin à leurs jours. On a dénombré en 2008, 17 suicides chez le personnel pénitentiaire.

 

A cela faut-il ajouter le nombre des agressions des surveillants de prison ? Lui aussi en augmentation. 69 en janvier 2009 et 71 en janvier dernier.

 

Seule consolation : avec 33 000 agents, l’administration pénitentiaire est la seule à échapper à la cure d’amaigrissement préconisée par la RGPP, la révision générale des politiques publiques, qui vise, entre autres à réduire le nombre de fonctionnaires.

Publié par Dominique Verdeilhan / Catégories : Ma chronique