On ne compte plus les films et les spots publicitaires auxquels le cascadeur Rémy Julienne a participé. A 79 ans, il aurait pu espérer faire une sortie sous les éloges, sous les hommages. Son nom est apparu au générique de nombreux James Bond, des "Gendarmes", des "Fantômas". Il a travaillé avec et pour Oury, Lautner, Verneuil, Truffaut, Lelouch, Zidi, S Leone, S Pollack, jusqu'au "Da Vinci Code" de Ron Howard. Avion, bateau, camion, moto, hélicoptère, ont été depuis 1964 les instruments de travail de cet ancien champion de moto-cross. C'est un "Taxi" qui est responsable de sa sortie de route cinématographique.
En août 1999, Rémy Julienne travaille pour le film de Gérard Krawczyk "Taxi 2", produit par Luc Besson. Des scènes comportant des cascades sont tournées à Paris. Certaines devant l'immeuble de France Télévisions. D'autres porte dauphine. C'est là qu'aura lieu l'accident qui a été fatal à un caméraman de l'équipe. Lors d'un second essai souhaité par le réalisateur, une nouvelle cascade va être effectuée par des membres de l'équipe de R Julienne. La voiture va réaliser un bond plus grand que le précédent. Elle retombera sur la caméra fauchant l'opérateur de prises de vues.
Depuis ce drame, Rémy Julienne n'a cessé de dire que si il acceptait d'endosser une partie de la responsabilité, il regrettait que cette seconde cascade avait été réalisé sans qu'on lui ai donné le temps d'affiner les derniers réglages nécéssaires.
Condamné en première instance à 18 mois de prison avec sursis, il vient d'être condamné en appel à 6 mois avec sursis. L'amende a également été revu à la baisse, passant de 13 000 à 2 000 euros. R Julienne devra verser en revanche 60 000 euros de dommages et intérêts à la famille du caméraman.
Mais petite satisfaction pour le cascadeur, alors que la société de production de Luc Besson avait été mise hors de cause par le tribunal correctionnel, que partie civile elle devait toucher un euro de dommage et intérêt, elle vient d'être condamné en appel à 100 000 euros d'amende.
Curieusement dans ce dossier, la justice s'était focalisée sur un seul coupable possible: Rémy Julienne. Réalisateur et producteur avaient tous deux bénéficié d'un non lieu à l'issue de l'instruction. En première instance, le parquet et le tribunal avaient considéré que la poursuite contre la société de production était irrecevable. Via une citation directe, la détermination de la famille du caméraman décédé a aboutit aujourd'hui à une décision qui donne raison au principal prévenu.
Pendant plus de 40 ans Rémy Julienne a brillé par ses exploits dans les salles obscures. Il restera aussi l'image d'un homme amaigri, bléssé sortant d'une salle d'audience.