Jérôme Kerviel n'a pas réussi à convaincre les juges. Il tente de mettre les auditeurs et les télespectateurs de son côté. C'est malheureusement courant. Deux jugements contradictoires. Celui des magistrats après des audiences qui ont été longues et complètes. Celui plus médiatique après quelques minutes d'antenne.
Jérôme Kerviel et son avocat Maître David Koubbi ne comprennent pas la condamnation à 3 ans de prison fermes et verser 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts à la Société générale en guise d'indemnisation du préjudice. Rien d'étonnant. Ils ont plaidé la relaxe considérant que s'il y avait bien des fautes de leur coté, les authentiques coupables étaient les dirigeants de la banque qui avaient volontairement fermé les yeux. En un mot faire plonger Kerviel pour couvrir leurs propres pertes dues aux subprimes.
Tout à leur système de défense, ni Kerviel, ni M°Koubbi ne se sont aperçus qu'ils s'étaient mis le tribunal à dos, indisposant autant le représentant du parquet général que les trois juges d'appel. Quelques minutes avant le rendu de l'arrêt mercredi dernier, plusieurs observateurs et avocats du dossier n'écartaient pas l'hypothèse d'un mandat de dépôt à l'audience envoyant l'ancien trader derrière les barreaux.On le sait la cour d'appel a confirmé le jugement de première instance. Jérôme Kerviel est sorti lourdement condamné mais libre du palais de justice. M° Koubbi avait la prétention de faire mieux que son predécesseur M° Metzner. Reconnaissons lui qu'il n'a pas fait pire.
A l'issue d'un long entretien avec son conseil, Jérôme Kerviel a lancé un appel à témoin. Il souhaite recueillir des éléments pour étayer ce qui constitue sa ligne de défense depuis le début. La faute, l'erreur de la banque en sa défaveur. Les pièces, les témoins qu'il a produit lors du procès en appel n'ont pas renversé la donne. Faut-il rappeler à son conseil que tout élément nouveau n'aura aucun écho devant la prochaine juridiction, la cour de cassation, dont tout bon juriste sait qu'elle ne se penche que sur le droit et non les faits ? En faisant ainsi appel à de nouveaux témoignages, la défense de Kerviel ne peut que se constituer un dossier en vue d'une requête en révision.