La Justice a du mal à reconnaître ses erreurs. C'est vrai.
Les juges n'apprécient pas trop que l'on mettent en doute leurs décisions. C'est vrai.
Des innocents ont été condamnés injustement. C'est vrai.
Des coupables sont en liberté. C'est encore vrai.
Notre procédure pénale offre de nombreux recours aux justiciables. C'est toujours vrai.
L'appel, la cassation et la révision sont des gages de notre démocratie. C'est définitivement vrai.
Ainsi la commission de révision des procédures pénales ne chôme pas. De nombreux dossiers sont passés dans ses mains, avec le succès que l'on connait. Seznec, Dominici, Omar Raddad, Dany Leprince se sont retrouvés devant une porte close. Patrick Dils, Loic Sécher, Marc Machin ont transformés leur essai.
Lundi prochain, les 5 magistrats qui composent cette formation se prononceront sur la requête déposée par Maurice Agnelet, condamné pour complicité d'assassinat sur la personne d'Agnès Le Roux, fille des propriétaires du Palais de la Méditerranée à Nice. Acquitté en première instance à Nice, il a écopé de 20 ans de réclusion criminelle à Aix après deux heures de délibéré, montre en main. Les faits remontent à plus de 30 ans. Chacun à sa conviction sur la culpabilité ou l'innocence de l'ancien avocat radié du barreau niçois. Reconnaissons lui le droit d'intenter ce recours. L'ex avocat est un procédurier.
Mais cet après-midi, Maître Dominique Bergmann, avocat de Pierre Bodein nous informe que ce dernier a décidé, à son tour, d'intenter un procès en révision. Surnommé "Pierrot le Fou", pour avoir simulé plusieurs fois la folie devant les juges et les jurés, afin de ne pas répondre de ses actes ou pour les justifier, il a été condamné à la perpétué en appel en 2008 pour enlèvement, séquestration, viol et meurtre de deux jeunes filles et d'une jeune femme.
Son déjà lourd passé judiciaire, les déclarations de témoins, les éléments à charge tels que les empreintes génétiques ont fini d'emporter la conviction des jurés de Strasbourg.
Pierre Bodein avance, pour soutenir sa demande de révision, que les expertises effectuées dans la procédure sont imparfaites et qu'ils disposent de nouveaux témoignages. Pierre Bodein parle d'un "complot". Un mot définitivement commun dans la bouche des criminels, délinquants sexuels.
"Pierrot le Fou" use de tous les recours offerts par la loi. C'est son droit.
Mais dans ma carrière de chroniqueur judiciaire, la lecture des sévices subis post-mortels par les deux gamines de 10 et 14 ans constituent ce que j'ai lu de plus "abjectes" dans un dossier criminel. A tel point que c'est "inracontable", "inpubliable".
Que dire de la souffrance des parents des deux fillettes face à ces monstrueux détails.
Il y a des dossiers judiciaires que l'on aimerait voir absent de sa mémoire.