Le grand écart. Cet après midi lors de l'audience au procès Kerviel, les parties civiles ont présenté leur facture à l'intention de l'ancien trader.
Le tribunal a le choix entre la proposition de M° Daniel Richard, avocat de quelques salariés de la banque. L'avocat verrait bien Jérôme Kerviel condamné à un travail d'intérêt général. On l'aura compris. La punition consiste à le voir derrière un guichet pour exhumer ses fautes. Mais n'est-il pas dangereux de faire entrer à nouveau le loup dans la bergerie? N'y a-t-il pas un risque de voir l'ancien trader rejoué au casino dans une succursale de la Société Générale?
Les avocats de la Société Générale sont dans une autre logique. La banque, par la voie de M° Jean Veil, demande à Kerviel de les dédommager de 4,9 milliards d'euros, montant de la perte provoquée par les prises de position aventureuses du trader. Tant pis, si cela est irréalisable. Tant pis, si la défense de Kerviel conteste ce chiffre, avancant que la banque a touché une déduction fiscale de 1,7 milliard d'euros.
Il reste que la banque demande une nouvelle fois le prix fort. Au lendemain du jugement en octobre 2010, elle avait fait savoir qu'il n'était pas question pour elle de demander la totalité de cette somme à son ancien employé. La SG avait tendu la main à la défense pour une possible transaction. M° Metzner, qui à l'époque défendait les intérêts du trader, avait écarté cette possibilité d'un revers de manche. Depuis Kerviel a changé d'avocat et a durci sa position, sa stratégie de défense. Il serait désormais victime d'un complot.
Résultat, pour la Société Générale, Kerviel doit passer à la caisse.
Mercredi matin, à l'issue de ses réquisitions, l'avocat général dira si, pour l'accusation, Jérôme Kerviel doit passer aussi par la case prison.