Après 7 jours de plaidoiries et de réquisitoire, les jurés quittent ce soir le palais de justice de Paris pour la dernière ligne droite du procès Ferrara. Ils ne rentrent pas comme à l'accoutumée chez eux mais ils sont conduits sous bonne escorte dans un lieu tenu secret dans Paris. Ils vont délibérer sans fin pour juger les 21 accusés qu'ils ont devant eux depuis le 2 octobre dernier. Ils doivent évidemment aussi se prononcer sur la culpabilité des trois accusés qui depuis le 7 novembre ont refusé de comparaitre dans le box des assises.
Les 12 jurés doivent répondre à 465 questions. Il leur faudra plusieurs heures. Ils sont donc amenés à vivre pendant 48 heures en vase clos. Des chambres ont été réservées à leur intention dans un immeuble parisien. Ce n'est pas une première en France. Des jurés de la cour d'assises de Maine et Loire ont ainsi vécu en "communauté" pendant 9 jours à la fin du procès d'un réseau pédophile à Angers. 9 jours qu'ils ont passés dans une caserne dont une partie avait été aménagée à leur intention. Un lit, une salle de bain, quelques livres, une salle de réunion, une salle de repos mais en revanche aucun poste de télévision, aucune radio. Coupés du monde extérieur comme lorsqu'ils délibèrent seulement quelques heures dans une salle du conseil au palais.
Les 12 jurés ne devraient regagner la salle d'audience de la cour d'assises que dans la soirée de samedi. Peut être tard dans la nuit. Les autorités judiciaires ont prévu que le jury populaire allait "découchér" deux nuits. Pas loin d'eux se tiendront en réserve les jurés et le magistrat suppléants. Ils ne seront amenés à rejoindre le groupe principal que si l'un des 12 jurés faisait défection. Dans le cas contraire, ils auront siégé pendant plus de 10 semaines pour la gloire et pour leur propre culture judiciaire.
Pendant ce temps, les accusés détenus auront regagner leur cellule respective. Ceux qui comparaissent libres, comme M° Karim Achoui, ont interdiction de quitter le palais. Ils sont sous surveillance pendant ces 48 heures et seront hébergés à l'intérieur du bâtiment.
A peine sorti de ce procès, Antonio Ferrara sait depuis aujourd'hui qu'un autre procès l'attend en 2009. En mars, il sera rejugé pour le braquage spectaculaire d'un fourgon de la Brink's qu'il avait réalisé en décembre 2000 à la porte de Gentilly près de Paris. Lors du premier procès, "le roi de la belle" avait été condamné à 11 ans de réclusion criminelle.