Jacques Chirac en a fini avec la vie politique. Ses ennuis de santé l’empêchent désormais d’intervenir dans le débat. Après avoir déclaré à la surprise générale qu’il allait voter Françoise Hollande en 2012, il est condamné au silence dans ce qui constitue d’ores et déjà la campagne présidentielle.
Jacques Chirac en a également fini avec la vie judiciaire. Avec les affaires. Les siennes. Les dossiers dans lesquels son nom est apparu se comptaient sur les doigts de la main. La plupart visait le maire de Paris et le président du RPR. Mais les juges étaient face à un mur du fait de l’immunité présidentielle. Eric Halphen fut le premier d’une façon spectaculaire a tenté d’entendre comme témoin le locataire de l’Elysée. A défaut de répondre judiciairement, Jacques Chirac, depuis son bureau de la rue Saint Honoré, le faisait face aux journalistes en usant de formules aussi inattendues que « Pschitt » et « abracadabrantesque ». Xavière Siméon dut attendre la fin du mandat présidentiel pour pouvoir mettre en examen Jacques Chirac pour des faits qui remontaient aux années 90.
Jacques Chirac en a fini avec la justice parce qu’il a décidé dès hier de ne pas relever appel de sa condamnation qu’il conteste pourtant. Officiellement parce qu’il ne se sent plus la force de mener ce nouveau combat. Un second procès se ferait pourtant sans lui, comme le premier. Qu’il veuille mettre un point final à cette procédure qui obscure la fin de son existence est plus crédible.
Le tribunal a fait preuve d’indépendance en faisant le contraire de ce que lui demandait l’accusation. Le parquet avait requis la condamnation de Dominique de Villepin, il fut relaxé. Le parquet avait requis la relaxe de Jacques Chirac, il a été condamné.
Celui qui durant 12 ans a été le garant de l'indépendance des juges vient d'en faire l'amère expérience.
Tout au long de l’instruction comme lors de l’audience en septembre, le parquet a joué les effarouchés, n’admettant pas que l’on puisse vouloir poursuivre l’ancien chef de l’Etat. Désormais, il pourrait contribuer à clore ce dossier.
Juridiquement, logiquement, après avoir requis une relaxe, il devrait faire appel. Mais il y a aussi la logique politique qui veut que l’on arrête de se livrer à ce que certains pourraient considérer comme un acharnement judiciaire. Aussi selon toute probabilité, le nouveau procureur de la république de Paris, François Molins, pourrait confirmer dans les jours prochains qu’il renonce à faire appel. Evitant ainsi à Jacques Chirac l’épreuve d’un second procès. Aucun des 7 autres prévenus condamnés dans ce dossier n’a émis le désir de faire opposition au jugement.
La question se posera de savoir qui a donné la consigne ou l’ordre de ne pas faire appel. Le procureur général ? Le ministre de la justice ? Le président de la république ?
En ne faisant pas appel, on raye définitivement la possibilité que des magistrats en seconde instance prononcent une relaxe à l’encontre de Jacques Chirac.
En général, un homme politique à la fin de sa carrière part avec les honneurs. En guise de médaille, Jacques Chirac se voit épinglé par une condamnation désormais définitive.