Elles ne se parlent plus que par l’intermédiaire d’interviews ou de communiqués. Leurs parole est assez rare. Jusqu’à présent la fille, Françoise Bettencourt-Meyers a refusé toute interview sur une chaîne de télévision ou à la radio. Elle s’exprime que par l’écrit.
Sa mère, en revanche, a quelque fois confié ses sentiments dans les journaux télévisés. La semaine dernière, elle acceptait de recevoir des confrères du Point qui mettaient aussitôt en ligne les propos de la milliardaire qu’ils avaient ainsi recueillis. A chaque fois, on a perçu la voix d’une femme certes âgée, mais compréhensible.
Comme la plupart des journalistes, nous avons retenu les propos qui montrent une fois de plus la cassure qui existe désormais entre les deux femmes.
Nous ne sommes pas médecins, psychiatres, experts. Nous ne l’avons pas rencontré, il nous est donc impossible de nous livré à un diagnostic sur l’état de santé physique et psychologique de Mme Bettencourt.
Des experts, qui eux sont médecins, mais qui ne l’ont pas plus rencontré, ont en revanche dressé un bilan plutôt alarmant sur les capacités intellectuelles de la vieille dame. En se basant sur un dossier médical réalisé par les authentiques praticiens de Mme Bettencourt, et qui sont muets, ils évoquent une « altération des facultés mentales et physiques » d’une patiente qui n’est pas la leur. C’est là la dure mission des experts judiciaires confrontés à un vide. Mme Bettencourt, et c’est son droit, a refusé de les recevoir.
A chaque fois que des experts mandatés par les magistrats de Nanterre et désormais de Courbevoie et de Bordeaux ont sonné à la porte de l’hôtel particulier de Neuilly sur Seine, ils ont trouvé porte close. Une seule fois, elle a accepté de voir un gériatre-expert. Dans le but de concrétiser l’accord à l’amiable avec sa fille en décembre dernier.
Outre le constat médical, les trois experts conclut leur rapport en préconisant un placement sous curatelle renforcée.
Cette disposition veillant à protéger toute personne en difficulté est prévue par l’article 472 du code civil. Elle est un palier entre la mise sous curatelle et la mise sous tutelle.
Elle prévoit que le « curateur perçoit seul les revenus de la personne en curatelle sur un compte ouvert au nom de cette dernière. Il assure lui-même le règlement des dépenses auprès des tiers et dépose l’excédent sur un compte laissé à la disposition de l’intéressé ou le verse entre ses mains ».
On l’a compris, cela empêcherait Liliane Bettencourt de gérer elle-même sa fortune personnelle et de continuer à siéger au sein du conseil d’administration de l’Oréal.
Dans leur rapport, les experts concluent qu’en revanche Liliane Bettencourt pourrait continuer à jouir de son droit de vote.
Autrement dit, nous en arrivons à une situation ubuesque. Une personne qui n’aurait plus toutes ses facultés se voit privée de son portefeuille mais peut continuer à se rendre dans un isoloir.