Drôle d’ambiance au procès de Jérôme Kerviel. Comme souvent dans de pareilles audiences, nous assistons à des réparties parfois risibles, parfois cinglantes entre les avocats principaux du dossier. M° Metzner et M° Veil, qui lors des suspensions font plutôt œuvre d’amabilités entre eux, ne manquent de s’envoyer des petites piques pour tenter de marquer des points, si ce n’est auprès du tribunal au moins auprès du public et de la presse.
Les journalistes habitués des tribunaux que nous sommes ne peuvent que remarquer le climat que les 3 avocats de la Société Générale créent lors des dépositions. C’était flagrant ce matin alors que comparaissait comme témoin Selim Nemouchi, ancien collègue trader de Jérôme Kerviel. L’homme est encore salarié de la banque. Les propos qu’il allait prononcés devant le tribunal était important pour le prévenu mais aussi pour lui-même. Le témoin toujours trader n’y est pas allé par quatre chemins. « Il a pris des positions hors normes, stratosphériques, inconsidérés. Il m’a déçu. Il a mis en danger la Banque et ses employés ». Evidemment, la partie civile en question ne pouvait que se satisfaire de cette déposition sollicitée par la défense de Kerviel.
Mais c’est là où l’on peut regretter que les caméras ne puissent pas pénétrer dans le prétoire. On aurait vu alors que les avocats de la Société Générale se tenaient très près du témoin. Sans doute pas pour des difficultés d’audition mais pour le mettre en confiance…. Une mise en condition que l’on a pu observer depuis le début des audiences. A chaque fois qu’un témoin vient à la barre ou que l’un des avocats de la défense s’adresse au prévenu, les dits avocats se rapprochent étrangement du centre du prétoire.
Depuis mardi, date de l’ouverture du procès, une femme est invitée à prendre la parole régulièrement par le président du tribunal. Elle est assise au premier rang avec les avocats des parties civiles. Claire Dumas est adjointe au directeur des risques opérationnels à la Société Générale. Son rôle est de décrypter pour le tribunal le jargon et les méandres des salles de marchés. Reconnaissons que lors de ses interventions, elle s’applique à ne pas incriminer Jérôme Kerviel.
Mais l’on peut s’interroger sur une partie civile à qui le tribunal demande en quelle sorte d’être un expert.