Sur le papier, l'affiche est alléchante. Dans la réalité, les chroniqueurs judiciaires risquent d'être déçus.
Ce matin, le parquet de Paris vient de signer les réquisitions de renvoi devant le tribunal correctionnel des mis en examen du dossier Clearstream. Un nom retient l'attention. Celui de Dominique de Villepin. En juin dernier, le même parquet avait demandé aux juges d'instruction un supplément d'information. Le procureur considérait qu'en l'état du dossier, il n'y avait pas assez d'éléments justifiant le renvoi devant une juridiction de jugement de l'ancien Premier Ministre. Trois mois plus tard, durant lesquels Dominique de Villepin ne fut entendu qu'une demi-heure, il semble, selon des indiscrétions de plusieurs parties à l'affaire, que le dossier n'est point évolué. Il y a quelques jours, le procureur de la république de Paris reconnaissait s'interroger encore sur la décision à prendre. Renvoi ou non lieu? Sera-t-on un jour ce qui a fait pencher la balance d'un coté, celui que n'attendait évidemment pas l'intéréssé.
La décision finale appartient désormais aux juges d'instruction. En cas de renvoi, on peut avancer que la défense fera appel afin d'obtenir un autre examen devant la chambre d'instruction. Un procès, si procès est décidé, ne pourrait avoir raisonnablement lieu avant la fin de l'an 2009. C'est ce jour là, que nous vivrons un moment jamais vu dans notre démocratie. Sur le banc des prévenus, assis aux cotés de l'ex président d'EADS Jean Louis Gergorin, de l'informaticien Imad Lahoud, du journaliste Denis Robert, on découvrira un ancien premier Ministre de la V ème République. Sur le banc d'en face, celui des parties civiles, un de ses anciens ministres, aujourd'hui Chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy. Assis légèrement en hauteur, le représentant du parquet. Celui là même qui aujourd'hui demande le renvoi de Dominique de Villepin et qui dépend hiérarchiquement du Garde des Sceaux...... La politique, comme elle n'aura jamais été au centre d'un prétoire.
Le face à face Président de la République-Premier Ministre n'aura sans doute pas lieu. On voit difficillement le Chef de l'Etat se rendre lui même dans la salle d'audience pour demander des comptes à son ancien ministre de l'Intérieur. Jamais dans le passé, un Président n'est venu assister à une audience le concernant. Seul, Valéry Giscard d'Estaing avait en son temps mené une procédure contre un tiers, mais il s'était fait représenté par son avocat.
Aujourd'hui réunis dans la rubrique judiciaire, les deux protagonistes faisaient l'objet la semaine dernière d'une rumeur. Dominique de Villepin devait rejoindre le gouvernement au profit d'un prochain remaniement. On parlait alors de Bercy et non de la place Vendôme.