C’est aussi une des permanences de son histoire. À des moments précis, le Front national se retrouve dans une situation financière délicate. Suite aux résultats des dernières législatives, le FN a besoin d’argent. Sa dotation publique diminue de 538 000€ par an jusqu'à 2022. Il lui faut donc trouver des finances… mais aussi, devenir économe. Il existe plusieurs façons de suivre cette ligne : la souscription à l’emprunt patriotique, l’appel lancé par Marine Le Pen à la veille des élections législatives est toujours d’actualité. Celui aux adhésions – assorti jusqu’à peu d’une affiche signée par la présidente - demeure. Le FN se voit, également, contraint de supprimer certaines de ses manifestations qui existent depuis un bon moment. Cette année, aucune université d’été avec les militants et opérations sur les plages n’est donc prévue.
Car le parti lepéniste « agit » aussi pendant les mois de juillet et d'août. Comme il le dit lui-même, la période estivale est mise à profit pour faire passer des messages aux Français. Depuis le début des années quatre-vingt, diverses opérations de propagande sont organisées pendant l’été : inscriptions sur l’autoroute du Sud lors des premiers grands départs et mises en place de stands FN sur des aires de stationnement ou, encore, affichages sauvages dans diverses villes. Les objectifs peut être ciblés. Par exemple, pendant l'été 1992, quelques semaines avant le référendum de Maastricht, « une tournée des plages » est mise en place par Samuel Maréchal alors à la direction du Front national de la jeunesse. Sur les côtes atlantique, méditerranéenne et de la Manche, les jeunes frontistes sillonnent les plages et tiennent quelques réunions publiques dans les stations balnéaires. Des conseillers régionaux du FN les accompagnent pour répandre « la bonne parole sur les plages de France », à savoir le Non à Maastricht.
Quant aux universités d'été réservées aux militants et cadres, elles existent depuis l'été 1985. La première s’effectue à Pau du 2 au 8 juillet. Le FN y envoie ses « meilleurs éléments ». L’idée vient de Bernard Antony, directeur de la formation professionnelle des laboratoires pharmaceutiques Pierre Fabre. Celui-ci souhaite réunir une centaine de cadres du FN pendant une semaine pour leur offrir des cours de formation et des conférences, le « tout dans une ambiance fraternelle et conviviale ». 250 cadres sont sélectionnés parmi les 500 qui se présentent. Les études et travaux proposés s’articulent autour de deux pôles : « savoir » et « savoir-faire ». Ils incluent des entraînements à la prise de parole et au débat ainsi que des formations sur les questions électorales, agricoles et fiscales.
Les militants et cadres mais aussi des dirigeants du FN y interviennent. Certaines de ces universités marquent l’histoire du parti. Par exemple, lors de l’université d’été du FNJ de 1995, Samuel Maréchal est l’initiateur d’un des slogans pérennes du FN « Ni droite ni gauche ». Pour ses organisateurs, l’université d’été des militants devient un rendez-vous incontournable dans la vie du parti. Par elle notamment, les cadres et militants apprennent à penser et à parler Front national, à « enrichir leur patrimoine doctrinal loin du conformisme ambiant de la pensée politico-culturelle contemporaine ». Depuis plusieurs années, elle ne se tient pas régulièrement. Sa suppression en 2017 ne montre pas seulement les difficultés financières du parti lepéniste. Elle traduit une parenthèse imposée concernant la formation des militants ; une des priorités du FN depuis l'accession à la présidence de Marine Le Pen au Congrès de Tours.