Le dernier collectif du Rassemblement Bleu Marine est arrivé la semaine dernière. Il s’agit du collectif Belaud-Argos, consacré à la protection animale en France, présidé par l’eurodéputée Sophie Montel. Et il affiche un soutien de taille : Brigitte Bardot !
Le cinéma et la politique peuvent être bons amis. Mais avec le Front national, c’est une autre affaire. Si plusieurs acteurs et actrices se sont engagés auprès de personnalités politiques pour porter et défendre certaines causes... au Front national, il n'y pas grand monde. Certes, au printemps 2015, Marine Le Pen prétend qu’une « grande comédienne Française » l’a contactée. Celle-ci aurait trouvé la présidente du FN « incroyable ». Un dîner envisagé entre les deux femmes ? Peut-être… mais il n’a pas eu lieu. Sébastien Chenu (le tout nouveau secrétaire départemental de la fédération du Nord), à la tête d'un autre collectif FN - le CLIC Culture, Libertés, Création - aurait dit à son amie comédienne de ne pas s’y rendre, de peur qu’elle se fasse « griller et insulter par toute la profession ».
L'amie des bêtes et du FN
Certes. Début mars, Brigitte Bardot interpelait le gouvernement espagnol par une lettre ouverte à Mariano Rajoy. « En ce moment même, sur les terres d’Espagne », y écrivait la présidente-fondatrice de la fondation Bardot, les « galgos et podencos, victimes de la barbarie des hommes, vivent un véritable martyre durant toutes les étapes de leur trop courte vie ». Son amour pour les bêtes est connu par la plupart tout comme la fondation qu'elle a créé en 1986. Son itinéraire d'actrice en fait rêver plus d'un. Mais l'ancienne actrice a d'autres cordes à son arc. Brigitte Bardot a, également, été condamnée à plusieurs reprises pour « incitation à la haine raciale » pour ses propos tenus envers la communauté musulmane. Et cela fait un bon moment qu'elle n’est pas avare en louanges envers la présidente du FN. Elle ne voit pas en Marine Le Pen que la « Jeanne d'Arc du XXIe siècle ». Elle apprécie « son calme, sa façon de développer son argumentaire et son bon sens politique quoi que puissent en dire ses adversaires ». Les « idées » de Marine Le Pen lui « plaisent ». Elle l’« aime beaucoup » et n’a pas à s’en « cacher ». Et le FN le lui rend bien.
Depuis qu'il existe, le FN a toujours eu un rapport particulier avec le milieu artistique, c'est-à-dire quasiment inexistant. Dans ses livres « souvenirs », Jean-Marie Le Pen se montre aux côtés de quelques artistes, sportifs, chanteurs ou, encore, acteurs comme Alain Delon. Certains échanges, parfois de quelques secondes, sont immortalisés dans ses albums hagiographiques (donc diffusés en interne) pour exposer, justement, ce qu'il qualifie de « parcours jalonné de rencontres ». Pour Brigitte Bardot, cela pourrait être bien différent. Les Le Pen, elle les connaît et les soutient depuis un bon moment. D'ailleurs, elle affiche une longue proximité avec le Front national. Des photos immortalisent l’ancienne actrice avec Jean-Marie Le Pen dès le début des années soixante alors qu’il organise des caravanes de soutien à l’Algérie Française. Une autre montre des moments partagés entre le président du FN et son « amie de toujours, notre BB nationale » :
Dans le second tome de son autobiographie, Le Carré de Pluton (1999, Grasset), Brigitte Bardot parle de l’ancien président du FN, en ses termes : « Ma vieille amie Madeleine avait une passion pour Jean-Marie Le Pen. D'après elle, personne d'autre ne pouvait sauver la France de l'état dans lequel elle était. Je lui parlais de Chirac. Elle me répondit, c'est un con ! Ah bon ! Pourtant ! Pourtant, rien du tout. Elle jugeait avec sa sagesse, son expérience, son courage de femme d'âge presque canonique. Elle avait raison et je pus, au fil des jours, des mois, et maintenant des années, m'en rendre compte ».
... condamnée pour "incitation à la haine raciale"
Brigitte Bardot a été condamnée plusieurs fois pour le même motif, à savoir « incitation à la haine raciale », notamment en juin 2004. Voici quelques passages de l'ouvrage incriminé, Un cri dans le silence (2003, éditions du Rocher) : « On n'a plus le droit d'être scandalisés quand des clandestins ou des gueux, profanent et prennent d'assaut nos églises pour les transformer en porcheries humaines, chiant derrière l'autel, pissant contre les colonnes, étalant leur odeur nauséabonde sous les voûtes sacrées du chœur. (…) Je suis contre l'islamisation de la France ! Cette allégeance obligatoire, cette soumission forcée me dégoûtent. Me voici, peut-être, encore fragilisée par l'ombre d'un procès, mais il n'est pas né celui qui m'empêchera de m'exprimer ! Nos aïeux, les anciens, nos grands- pères, nos pères ont donné leurs vies depuis des siècles pour chasser de France tous les envahisseurs successifs. Pour faire de notre pays une patrie libre qui n'ait а subir le joug d'aucun étranger. Or depuis une vingtaine d'années, nous nous soumettons а une infiltration souterraine et dangereuse, non contrôlée, qui, non seulement ne se plie pas а nos lois et coutumes, mais encore, au fil des ans, tente de nous imposer les siennes (…) La campagne de France se gorgeait, ce jour-lа, du sang versé par les milliers de moutons égorgés, les uns devant les autres, par un chef de famille maladroit qui s'y reprenait souvent а plusieurs fois avant de couper les deux carotides. Une boucherie atroce, un désastre, une horreur ! »
Nouvelle condamnation en juin 2008. La raison ? La lettre qu'elle adresse à Nicolas Sarkozy en décembre 2006 (publiée dans la revue de sa fondation L'Info-Journal) . La demande qu'elle formule au Ministre de l’Intérieur est précise : les animaux tués par les musulmans lors de l'Aïd el-Kébir doivent être étourdis avant d'être saignés. Elle écrit notamment ceci : « Il y en a marre d'être menés par le bout du nez par toute cette population qui nous détruit, détruit notre pays en imposant ses actes ».
L'été dernier, Florian Philippot a passé un moment dans sa propriété de Saint-Tropez. Le vice-président du FN a remercié Brigitte Bardot, en images avec ces quelques lignes :
Un commentaire que l'on peut lire et interpréter différemment selon le sens attribué aux mots.