C’est une nouvelle référence historique du père qui serait sur le point d’être gommée. Le FN ne défilera probablement pas le 1er mai 2016 pour Jeanne d’Arc comme il le faisait depuis quelques décennies. La proposition de stopper ce défilé est soutenue par plusieurs cadres du FN, à commencer par Florian Philippot et Wallerand de Saint-Just. Marine Le Pen « n’y tient pas plus que cela et ne porte aucun intérêt à la Sainte de la Patrie ».
Cette décision ferait suite au message du magazine Dar al-islam. « Rassemblement d'idolâtres du FN. Des cibles de premier choix », peut-on lire dans le magazine à côté d'une photo du défilé du 1er mai du Front national. Aujourd'hui, le parti de Marine Le Pen explique être dans l’impossibilité d’assurer la sécurité de ses manifestants.
C’est en 1979 que le FN défile, pour la première fois, en l’ « honneur » de Jeanne d’Arc avec d’autres mouvances d’extrême droite. À partir de 1988, le FN fait bande à part. Le 1er mai devient un de ses rendez-vous incontournables. Jean-Marie Le Pen fait alors de Jeanne d’Arc le symbole héroïque d’une résistance et de la défense de l’identité française. Pour son premier défilé, le FN dit comptabiliser près de 100 000 partisans (une donnée à revoir largement à la baisse !) rassemblés au Jardin des Tuileries pour entendre les consignes de vote de second tour données par Jean-Marie Le Pen.
Voici comment, à ce moment, le parti d’extrême droite justifie le choix de cette date :
« Dans les premières décennies de ce siècle, le 1er mai était considérée comme une journée quasi-révolutionnaire, où les partis et les syndicats de l’extrême gauche mobilisaient les masses militantes sous une foison de drapeaux rouges et défilaient sur des kilomètres de pavé parisien. En 1941, le maréchal Pétain décida de transformer cette journée d’affrontements sociaux en une fête du travail, officiellement chômée, et une manifestation d’unité française. S’appuyant sur cette mesure prise par le régime de Vichy, la gauche et l’extrême gauche s’efforceront de refaire peu à peu du 1er Mai leur propre fête partisane et revendicative. Le 1er Mai, le Front national brise ce monopole syndicalo-gauchiste et parvient à unir symboliquement, dans une même ferveur, l’hommage à Jeanne d’Arc et le salut fraternel à l’ensemble du monde du travail, faisant de cette journée à la fois une manifestation de patriotisme et de solidarité nationale ».
Entre les menaces de Daesch, une nouvelle rupture avec le FN du père et le mauvais souvenir du 1er mai 2015 (l’intrusion de Jean-Marie Le Pen sur la tribune, la venue des Femen et les échanges musclés entre Bruno Gollnisch et l'équipe du Petit Journal de Canal +), il existe un autre facteur qui pourrait expliquer l’arrêt du 1er mai : le nombre de manifestants en chute libre... et la pluie. Depuis les années 1990, les participants au défilé se pressent de moins en moins. En 1995, on en dénombre environ 15 000. En 2002, on parle de 10 000.... En 2011, ils seraient un peu plus de 3 000. Au dernier 1er Mai du FN, la Préfecture de Police avance une fourchette oscillant entre 3 500 et 3 800 personnes. Enfin, combien de papiers sur le 1er mai soulignent le caractère capricieux de la météo. Il paraîtrait qu’aujourd’hui, les sympathisants du FN rechignent de plus en plus à venir sur Paris, leur parapluie à la main.
La première....
et la dernière manifestation FN du 1er mai.
En 2013, Steeve Briois célébrait ce défilé annuel comme la « fête de la fierté française qui commémore Jeanne d’Arc, sainte et héroïne de la patrie ». Le 1er mai a été abordé lors du séminaire du 5-7 février dernier. Le Front national pointe une alternative : un hommage à Jeanne d’Arc sans le défilé. De son côté, Jean-Marie Le Pen n’a pas manqué de réagir : « C’est une trahison »... de « Jeanne d’Arc » !