C'est un tract qui a commencé sa vie peu après les attentats de début janvier 2015 contre Charlie Hebdo. Le FN l'a mis en circulation à l'occasion d'une élection législative partielle dans le Doubs, en février. Il s'intitule « Péril islamiste. Protégeons les Français ». On y voit une carte de France autour de laquelle des hommes armés portent des keffiehs. Le message est clair : la situation française résulte de l'immigration « massive » et de l'absence de politique des adversaires du FN, l'« UMPS ».
La lutte contre le « fondamentalisme islamique » s'inscrit plus que jamais dans l'urgence, selon le FN. « Plusieurs milliers de djihadistes originaires de France » explique le parti, « combattent aujourd’hui en Irak et en Syrie. Leur retour menace gravement notre sécurité ». Une seule solution pour protéger les Français : stopper cette immigration.
Depuis que le Front national existe, son programme est fondé sur le binôme « immigration - insécurité ». À partir du printemps 2010, la propagande frontiste réinvestit le thème de l’islamisme et fait sienne celui de la laïcité. En faisant de la lutte contre l’islamisation et de la défense de la laïcité les articulations de son discours, Marine Le Pen rompt avec quatre décennies d’histoire du lepénisme.
Le message FN se résume désormais à ce double thème : le danger islamiste s’oppose aux valeurs laïques véhiculées par la démocratie, fondements de la République française ; la stigmatisation des musulmans faisant de l’islam et de la République deux entités incompatibles.
Depuis le Congrès de Tours (15-16 janvier 2011), le principe premier du FN – la « préférence nationale » – a été rebaptisé « priorité nationale » ; une substitution lexicale qui ne change rien au fond si ce n’est que l’islamophobie supplante l’antisémitisme. L’ennemi affiché n’est plus le juif. Il s’incarne toujours dans le Français musulman. Mis à part ces contextualisations – qui illustrent un changement d’époque et de stratégie –, le logiciel idéologique frontiste perdure.