Dans le cadre du label « Grande cause nationale » pour l’année 2013, le gouvernement lance un appel d’offres auprès d’organismes ou collectifs d’associations défendant une cause d’intérêt publique. Une commission interministérielle donnera son avis au mois de janvier et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault attribuera le label ouvrant au « vainqueur » un droit d’obtention à des campagnes de communication auprès des radios et télévisions publiques. Ces campagnes permettront de collecter des dons, sensibiliser et mieux informer la population. Les grands favoris pour cette année sont : l’illettrisme, la prévention du suicide et les accidents de la vie courante.
Pour un psychologue, ce choix pourrait être déterminé par un premier critère qui serait celui de la souffrance : lequel de ces trois fléaux engendre le plus de souffrance humaine ? Ce critère reste peu pertinent car presque impossible à évaluer, et à en juger par les quelques chiffres ci-après, il est clair que les scores sont serrés :
L’illettrisme concerne en France 3 100 000 personnes soit 9% des adultes scolarisés qui ne maîtrisent pas les compétences de base nécessaires en lecture, écriture et calcul pour être autonomes dans leur vie quotidienne (source ANLCI). Le suicide est la deuxième cause de mortalité des moins de 24 ans, après les accidents de la route, et la première cause pour les 25-34 ans (source PHARE). Quant aux accidents de la vie courante, ils sont la troisième cause de mortalité en France et provoquent l’admission de 4,5 millions de personnes dans les services d’urgence (source CLAC).
Deuxième critère : en quoi un tel label peut-il aider à modifier des comportements ? Car au-delà de l’argent récolté par les campagnes de communication, nous pouvons nous demander si la simple sensibilisation médiatique du public à certaines causes pourrait suffire à améliorer leur comportement. Je pense par exemple à certains phénomènes de société ayant déjà obtenu le label par le passé, comme la protection de l'enfance maltraitée, l'esprit civique, la prévention routière, le sida ou encore la lutte contre les violences faites aux femmes. Mais pour ce deuxième critère, les retombées sont également très difficiles à estimer.
Le constat est donc le suivant : chaque année depuis 1977, l’attribution du label « Grande cause nationale » permet une sensibilisation à une cause dont les conséquences comportementales à court terme sur la population ne sont pas évaluées. Les seules données disponibles sont d’une part, le montant des collectes réalisées et l'affectation des dons, et d’autre part, l’amélioration des liens entre les associations défendant une même cause. Hormis ces données, les conséquence positives de ce label ne s’évaluent donc pour l’instant qu’à moyen et long terme.