Depuis l’annonce d’un projet de loi qui permettrait aux couples de même sexe
d’adopter, la question se pose d’évaluer les enjeux développementaux pour l’enfant.
Malheureusement, la psychologie ne peut pas prédire l’influence d’une variable de genre sur le développement de l’enfant, tant le nombre de facteurs influençant ce développement est important (génome, contexte social, culturel et relationnel, éducation, pathologies, etc.). La seule certitude, c’est qu’aujourd’hui il ne suffit pas qu’un enfant soit élevé par deux personnes de sexes différents pour que cet enfant connaisse une vie rose et fonctionnelle.
Le débat reste néanmoins ouvert avec d’un côté, les opposants au projet de loi : des individus conservateurs ou religieux intégristes, et occasionnellement des psychanalystes qui proposent des modèles théoriques prévisionnels presque aussi impossibles à valider
scientifiquement que l’existence de Dieu. D’un autre côté, 250 000 couples de même sexe requérant la décision juridique du partage de l’autorité parentale : des personnes se réclamant d’une réalité marquée par la diversité familiale et soutenues par une petite moitié de l’opinion publique.
Le problème de ce débat c’est que les 24.000 à 40.000 enfants qui sont aujourd’hui élevés en France par un couple de même sexe, continueront à l’être de la même façon quelle que soit l’issue du projet de loi. La disposition juridique ne changera donc strictement rien au développement de l’enfant tant que les deux conjoints restent en vie. Par contre, si la loi n’est pas votée, l’impact psychologique sur l’enfant continuera d’être différencié en fonction de qui des deux conjoints décèdera. En effet, en l’absence d’une double filiation, l’enfant a plutôt intérêt à voir mourir son parent légitime en dernier s’il ne veut pas risquer d’être pris en charge par des institutions sociales beaucoup moins chaleureuses et aimantes qu’un parent, aussi gay soit-il.