Hollande fait la politique que la droite… aurait aimé faire

(REMY DE LA MAUVINIERE / POOL)

Depuis que François Hollande a revêtu sur le front malien les habits de « général en chef », le climat politique à Paris a changé du tout au tout. L’homme était brocardé pour sa supposée « mollesse » : on salue désormais sa réactivité, sa détermination et l’usage d’un vocabulaire guerrier, musclé, en tout cas « décomplexé », qu’on croyait jusqu’ici l’apanage de la droite.

Certes, l’intervention française n’est pas sans risques. La France est, sur son sol, menacée de représailles. Et il est souvent plus facile d’entrer en guerre que d’en sortir. Le risque d’enlisement au Mali ne saurait donc être exclu. Il n’empêche : à l’image de l’ancien ministre UMP de la Défense Gérard Longuet, la droite, globalement, approuve l’intervention française, et fait bloc derrière… Hollande.

Certes, la cote de popularité du président reste basse. Et l’intéressé sait, en plus, que les Français l’attendent avant tout non pas sur le front du Mali, mais sur le front du chômage.  Il reste que Hollande, qui donne le sentiment de trouver progressivement ses marques, bouscule peu à peu la donne politique : il exaspère de plus en plus la « gauche de la gauche » mais, parallèlement, il fait taire la droite car, en secret, cette dernière –sur plusieurs points, et pas seulement la Mali- doit bien admettre que la politique de Hollande, ç’aurait pu être la sienne.

1 Valls place Beauvau: la droite jubile.

Star des sondages, le ministre de l’Intérieur aura définitivement fait basculer la gauche « angélique », qui se contentait avec Lionel Jospin d’admettre un « sentiment d’insécurité », dans une lutte républicaine sans merci contre une insécurité qui frappe d’abord, dit-il, « les plus fragiles ».  Et, pour lui, aucun sujet n’est tabou : ni le droit de vote des étrangers (renvoyé à plus tard), ni la lutte contre l’immigration clandestine (avec des expulsions à la hausse), ni le sort des Roms (traités par la manière forte). C’est bien simple : dans son élan, il arrive même à Valls de sortir de son (vaste) pré carré en disant oui au mariage pour tous mais non à la PMA (Procréation médicalement assistée). Le plus droitier des socialistes sait, il est vrai, que la société française est aujourd’hui habitée par un dossier d’ordre, en tout cas d’autorité.

2 Le choix de l’Europe : la droite applaudit.

On savait qu’à titre personnel Hollande, naguère soutien de Jacques Delors, était un ardent européen. Mais oserait-il, sur ce terrain,  braver la « gauche de la gauche » ? Réponse : oui. Et tant pis pour Mélenchon ou même Montebourg !  En plus, le président a fini par comprendre qu’en Europe comme en France aucun salut n’était possible sans les entrepreneurs qui, eux, ont de l’avenir une approche européenne et même mondialisée. Et du coup, à droite, certains procès anti-Hollande trop vite instruits ont disparu.

3 L’axe franco-allemand : la droite s’y reconnaît.

Par anti-sarkozysme, Hollande, les premières semaines, a boudé Berlin, s’intéressant prioritairement à… l’Europe du sud pourtant en crise. Aujourd’hui, entre Angela Merkel et lui, ce n’est pas la passion qui prévaut. Mais, les leçons de l’Histoire aidant, le bon sens a repris le dessus : l’axe franco-allemand est vital. Le reste n’est pas secondaire, mais second. Sous cet angle, Hollande met ses pas dans ceux de ses prédécesseurs, y compris un certain Nicolas Sarkozy.   

4 L’engagement au Mali : la droite fait bloc.

Quel est la première déclaration, martiale, d’un François Fillon revenant sur l’avant-scène après un temps de pause (il s’est notamment tenu en retrait du dossier passionnel du « mariage pour tous ») ? L’ancien Premier ministre a été tranchant: sur le Mali, Hollande a bien agi. On verra la suite. Mais, pour l’heure, tous derrière lui. Du coup, en-dehors d’un Giscard craignant une dérive « néo-coloniale », les rares critiques sont venues de la gauche : le Vert Mamère ou l’intraitable Mélenchon.

5La lutte contre les déficits : la droite dit oui.

L’opposition reproche à François Hollande –comme le fait en Allemagne l’ancien Chancelier Gerhard Schröder- de ne pas s’être attaqué jusqu’ici à la baisse des dépenses.  Un dossier dérangeant mais clé, dit-elle. Elle admet cependant que le président –prenant le risque de troubler gravement des électeurs qui n’avaient pas été préparés à ce virage-là- s’est attaqué de front aux déficits. Certes, il l’a fait par le biais d‘un « matraquage fiscal » qui peut plomber ce qui restait de croissance. Mais il a osé bousculer la culture économique d’une bonne partie de la gauche qui plaidait, elle, pour la relance et conteste violemment « l’austérité FMI ». L’UMP et l’UDI sont sur la « ligne Hollande ».

6  L’accord de flexibilité Medef-CFDT : la droite le votera.

Le Parlement respectera-t-il la lettre et l’esprit de l’accord de « flexi-sécurité » conclu à l’arraché, dans une démarche très sociale-démocrate, par le Medef et la CFDT, contre l’opposition de la CGT et Force Ouvrière ? On verra. Seule certitude : Borloo mais aussi Copé et Fillon auraient aimé apposer leurs signatures au bas de ce texte contractuel qui, peut-être, ouvre en France une nouvelle ère.

7 L’interdiction du cumul des mandats : la droite n’est pas contre

Fort de l’autorité acquise depuis son engagement malien, Hollande veut désormais imposer le non-cumul des mandats à des parlementaires réticents (surtout à gauche, et surtout au Sénat). On verra ce qu’il en adviendra. Mais la nouvelle génération de droite et centre, en l’état, soupire d’aise.  Cette réforme figure en bonne place dans leur credo.

Publié par ddemontvalon / Catégories : Actu