Ce qui a (déjà) changé chez Hollande

François Hollande le 15 janvier 2013 à Dubaï (Emirats arabes unis) (KARIM SAHIB / AFP)

La décision de François Hollande d’engager l’armée française au Mali contre les « terroristes islamistes » apparaît d’ores et déjà, quelle que soit l’issue de cette intervention, comme un tournant du quinquennat. Au candidat-président (qui « se cherchait ») succède, avec le costume de chef des armées, un vrai président de la Vème République. Qui a vocation à trancher, à rassembler, à se situer au-dessus de la mêlée.

La mutation du personnage Hollande s’est opérée par touches successives, et en sept étapes Elle est, pour l’heure, impressionnante. Suffisante ? Irréversible ?  

1    Hollande ne sourit plus permanence

Le chef de l’Etat a abandonné –et pas seulement à cause de la guerre-  l’air jovial du candidat-copain, étonné et pas peu fier d’être aux commandes du pays. Là où personne, surtout à gauche, ne l’attendait il y a deux ans.  Gravité, d’abord.

2    Hollande affirme son autorité

Ainsi a-t-il obtenu que sa compagne, Valérie Trierweiler, cesse d’être en permanence dans le champ des caméras, des micros, et des gazettes. Au risque –évident- d’entamer l’autorité qu’il tient, lui, du suffrage universel, et d’accréditer l’idée qu’il manquerait, y compris dans la sphère privée, d’autorité. Il ya président, pas de vice-présidente.

3     Hollande a mis un bémol sur l’anti-sarkozysme

Un anti-sarkozysme quasi-obsessionnel, héritage d’une campagne présidentielle où cette thématique a été à la fois fédératrice et électoralement « payante ». Aujourd’hui, les électeurs –définitivement ou pas- ont tourné cette page.  Et, sauf revirement, Hollande avec eux.

4    Hollande accepte d’être « le » patron

Il a fini par comprendre que la logique du quinquennat lui imposait d’être sur l’avant-scène et de conduire lui-même l’équipage. Surtout par gros temps. Le Premier ministre « bouclier » (du Président), c’est de l’histoire ancienne. Et tant pis s’il est accusé demain de jouer, à son tour, l’omni-président !

5    Hollande se fait obéir du PS

Qu’il s’agisse de la PMA (repoussée au futur projet de loi sur la famille) ou de l’accord Medef-CFDT (dont l’éxécutif souhaite, lors du vote au Parlement, le strict respect), l’Elysée –tout en respectant les prérogatives des parlementaires- impose désormais ses priorités. Ce n’est pas (ou plus) le PS qui dirige la France. La Vème République, ce n’est pas la IVème.

6    Hollande s’exprime lui-même

Terminée la séquence –pas si lointaine- où, prenant conscience qu’il avait été trop loin devant les maires en leur concédant à propos du  « mariage pour tous », une sorte d’objection de conscience, il laissait le lendemain deux représentants de l’association LGBT (Lesbiennes-Gay-Bi-Trans) faire en son nom, sur le perron de Elysée et après les avoir reçus, une mise au point en forme de… correctif.

7    Hollande en monarque républicain

Aussi saugrenue que paraisse cette initiative, sa demande qu’on  réexamine, comme le réclamait Brigitte Bardot, la décision de faire euthanasier deux éléphantes malades en témoigne. Le président a, si l’on,  peut dire, un droit de grâce, et le moindre geste de sa part –en-dehors du champ habituel de la politique- pèse lourd. Double transgression : Hollande n’est définitivement plus l’ex-Premier secrétaire du PS (ce qu’il a été pendant dix ans) et, dans une France colbertiste, il devient, depuis l’Elysée, une sorte d’instance de recours. Un tantinet monarchique.  

 

Publié par ddemontvalon / Catégories : Actu