Olympia sort du cadre

COUV_OLYMPIA_WEBAlanguie sur son lit, Olympia s'ennuie à cent sous de l'heure. Lasse d'attendre la gloire, elle rêve d'un premier rôle et enchaîne les castings. Il faut dire que le travail ne manque pas au Musée d'Orsay. Eh oui, chaque tableau donne lieu à un tournage digne d'Hollywood : réalisateur caractériel, figurants blasés, Star jalouse. Mais Olympia ne décroche que des rôles secondaires, qu'elle massacre en toute naïveté... Un jour, sur un tournage, elle tombe amoureuse de Romain, le bel acteur, et pense enfin avoir trouvé son Roméo. C'est sans compter sur les "professionnels de la profession" choqués par cet liaison, et la star Vénus, bien décidée à conquérir le coeur de Romain.

A l'instar de ce qui se faisait déjà avec le Louvre, L'éditeur Futuropolis inaugure une nouvelle collection en partenariat avec le Musée d'Orsay. Et c'est une excellente idée d'avoir confié le premier volume à Catherine Meurisse. La dessinatrice (qui travaille pour Charlie Hebdo et de nombreux titres de la presse quotidienne et hebdomadaire ) nous propose une histoire vraiment très drôle et souvent complètement loufoque. Transformer le musée d'Orsay en Studio de cinéma et une trouvaille qui permet de multiplier les "plateaux de tournage" et les situations comiques. Les dessinateurs de BD font parfois preuve de timidité, de déférence, ou à l'inverse étalent un peu trop leur savoir lorsqu'ils parlent de peinture. Ici le ton est libre, agréablement léger... Catherine Meurisse ne s'est pas laissée impressionner.

Un bel exemple avec le "Jérusalem" de Jean-Léon Gerôme : 

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Et voici les "coulisses du tournage" : 

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On pourrait multiplier les exemples comme celui-ci : toute l'histoire est écrite sur ce ton. Bref, un beau moment de rigolade qui rappelle parfois l'humour des Nuls ou des Monty Python. Donc dépechez-vous d'aller acheter "Moderne Olympia" car comme le disait si bien Napoléon :

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Django Unchained : BD ou DVD ?

"Django Unchained" de Quentin Tarantino est sorti au cinéma l'an dernier. Aujourd'hui l'adaptation en bande-dessinée est publiée chez "Urban Comics". Alors Comics ou DVD, lequel choisir ? Avant de comparer les deux, il n'est pas inutile de rappeler l'histoire : en 1858, deux ans avant la guerre de sécession, le chasseur de primes King Schultz rachète l'esclave Django. Il lui propose un marché : s'il l'aide à capturer les frères Brittle, il sera libre. Django se retrouve affranchi et s'associe à Schultz pour devenir chasseur de primes à son tour. Mais il a un objectif bien personnel : retrouver sa femme Brunhilde, capturée en même temps que lui, et devenue la propriété d'un esclavagiste du Mississipi, "Monsieur Candie".

Quentin Tarantino le dit lui-même dans l'avant-propos de l'ouvrage : "Si mes scripts n'étaient pas coupés, mes films dureraient quatre heures !" Malgré les 2h40 du film, certains passages du script original de "Django" n'apparaissaient donc pas dans le film. On les retrouve dans la Bande-Dessinée. Principal ajout : le destin de Brunhilde est longuement évoquée. Entre le moment où elle a été capturée et le moment où Django va la sauver, on découvre quel a été son parcours et comment elle s'est retrouvée aux mains de "Monsieur Candie". Cela n'apporte pas grand chose au déroulement de l'intrigue principale, si ce n'est que l'histoire cruelle et ironique (du Tarentino, quoi) rend le personnage de "Monsieur Candie" encore plus détestable.

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Quelques scènes existantes sont aussi plus développées que sur le grand écran. Quelques interractions entre les personnages plus fouillées. Chez "Monsieur Candie", un vieux majordome noir règne en tyran sur les esclaves de la maison. Plus raciste que son maître lui-même, il supporte mal de voir Django, ce ""nègre à cheval" - à l'époque dans certains états, les noirs n'ont pas le droit de monter à cheval - dormir dans la maison de son maître. Dans le film, le majordome manifeste une colère froide vis-à-vis de Django. Dans le livre les deux hommes en viennent carrément aux mains... la tension est encore plus forte...

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Autre particularité marquante de la Bande-Dessinée : j'y ai trouvé l'humour beaucoup moins prononcé que dans le film. Là où Christoph Waltz campe un chasseur de primes plutôt réjouissant, le personnage dessiné apparaît beaucoup plus froid. Il n'a pas l'oeil pétillant du comédien. Même impression au début de l'aventure lorsque les deux protagonistes vont traquer les frères Brittle sur les terres d'un esclavagiste nommé Big Daddy. Interprété par Don Johnson dans le film, c'est un personnage plus ridicule que réellement effrayant. Sur le papier, c'est un personnage vraiment flippant.

En résumé, la bande-dessinée offre une histoire plus riche que le film, je trouve qu'elle est aussi beaucoup plus sombre. Les fans de l'humour noir de Quarantino seront peut-être moins convaincus par le film que la BD mais ils y gagneront un western sombre, implacable.

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"Django Unchained" - Quentin Tarentino / R.M. Guéra / Jason Latour - Chez Urban Comics. 258 pages. 22 €.