Trump désavoué, Clinton et Sanders impossibles à départager, l'anti-élitisme grand vainqueur : les 5 leçons du Caucus de l'Iowa

Rick Tyler est l'homme qui a emmené Ted Cruz à la victoire dans l'Iowa. Il doit partir maintenant.

La soirée de lundi était pleine de surprises à Des Moines, capitale de l'Iowa. Ce petit état du Midwest était le premier à organiser un "Caucus" - des réunions des partis démocrate et républicain pour désigner leur candidat à l'élection présidentielle de novembre 2016.

Côté Républicains, c'est Ted Cruz qui a raflé la mise, avec près de 28% des voix, contre 24% pour Donald Trump, le candidat anti-establishment en tête des sondages. Côté démocrates, Hillary Clinton a remporté une victoire contestée, avec 49,9% des délégués issus des caucus contre 49,6% pour son adversaire socialiste Bernie Sanders.

Voici les 5 leçons à retenir du Caucus de lundi :

Parfois, les démocrates votent... en jouant à pile ou face

Dans certaines circonscriptions, le choix entre Bernie Sanders et Hillary Clinton était si serré que le vote s'est fait à pile ou face. Le résultat du vote étant souvent déterminé en déplaçant les gens d'une partie de la pièce à l'autre, il était parfois impossible de recompter les voix après le départ des militants.

Résultat : des affrontements sans fin entre partisans de Sanders et de Clinton pour déterminer qui avait la préférence du caucus local, réglés en tirant à pile ou face pour élire les délégués du parti démocrates à la convention du parti. Hillary Clinton a gagné au moins 6 délégués grâce au jeu du pile ou face. On parle ici des "petits" délégués qui éliront les "grands" délégués pour la convention nationale lors de futures conventions de l'Iowa. Vous suivez toujours?

Hillary Clinton a finalement remporté l'équivalent de 23 représentants pour la convention nationale démocrate, contre 21 pour Sanders. Au total, 2 382 "grands" délégués sont nécessaires pour remporter la nomination du parti à l'échelle nationale.

La bataille n'est d'ailleurs pas terminée côté démocrate. La campagne de Bernie Sanders a annoncé à The Hill qu'elle allait laissé au moins un employé dans l'Iowa pour tâcher de convaincre certains "petits" délégués de changer leur vote lors des conventions qui élisent les "grands" délégués. Ah...Les joies et la simplicité de la démocratie!

Hillary Clinton remporte la victoire d'un cheveu... mais va au devant d'un combat dans le New Hampshire

17 heures après le début du Caucus, l'agence AP a finalement annoncé qu'Hillary Clinton avait remporté l'Iowa. Si son personnel de campagne a rapidement revendiqué la victoire, c'est presque une défaite : Bernie Sanders a prouvé qu'il était un candidat crédible et dangereux face à Hillary Clinton. Dans le New Hampshire, où la prochaine primaire aura lieu le 9 février, les sondages donnent une forte avance à Bernie Sanders.
L'avance de Sanders est telle que la campagne de Clinton aurait d'ores et déjà décidé de concentrer ses fonds et son personnel sur les deux primaires suivantes, Nevada et Caroline du Sud, ou la candidate est donnée favorite.

Bernie Sanders, idole de la jeunesse

On le savait grâce aux sondages, les meetings l'ont confirmé au cours de la campagne dans l'Iowa : le public d'Hillary Clinton est plus âgé que celui de Bernie Sanders, socialiste de 74 ans qui propose une protection sociale universelle et se pose en pourfendeur de Wall Street et de l'influence des milliardaires en politique.

La victoire de Ted Cruz, attendue, porte néanmoins un coup à Donald Trump

Ted Cruz a remporté la nomination démocrate. Pas étonnant si l'on considère la démographie de l'Iowa, un état à majorité évangélique (un courant du protestantisme). Les protestants qui se disent religieux y représentent 56% de l'électorat, et ils sont encore plus nombreux parmi les républicains qui participent au Caucus.

Donald Trump, en tête des sondages à l'échelle nationale, l'a bien compris : ces dernières semaines, il a tout fait pour apparaître comme religieux, brandissant une bible que lui a offert sa mère ou gagnant le soutien officiel d'un évangéliste influent. Mais ce New Yorkais jadis pro-avortement peine à vendre son image de religieux : la semaine dernière, il a confondu l'offertoire, qui récolte la quête, et le plat de communion. Quelques jours plus tôt, il trébuchait en citant un passage de la Bible.

Pour autant, la victoire de Cruz est un choc pour le très confiant Trump, le contraignant à se montrer plus humble qu'à son habitude lundi soir.

La victoire de Cruz est également le fruit d'un intense travail de campagne dans l'Iowa, dont il a visité les 99 districts.

L'anti-élitisme grand gagnant de ce caucus

Donald Trump est le premier représentant de la frange anti-élitiste du parti républicain. Le milliardaire plaît pour son franc-parler, notamment sur des sujets comme l'immigration, les femmes ou les musulmans. Parmi ses partisans, de nombreux Américains depuis jusqu'à présent désintéressés par la politique. Pourtant, Trump n'a pas profité du fort taux de participation parmi les Républicains ce lundi (46% des votants participaient à un caucus républicain pour la première fois).

Ted Cruz et Bernie Sanders ont également tenté de représenter l'anti-establishment, dénonçant sous le vocable de "Washington" les manoeuvres politiciennes et les promesses non tenues.

Etre 3e est une victoire pour Marco Rubio

Arrivér en deuxième position est décevant pour Donald Trump, mais la troisième place est d'or pour le républicain Marco Rubio (23%), qui a désormais toute latitude pour se présenter comme le champion des cadres du parti. Ces derniers jugent Ted Cruz et Donald Trump trop extrêmes et pourraient propulser le sénateur de Floride, candidat plus consensuel.


Lundi soir, Rubio s'est présenté comme le candidat du consensus, capable d'unifier un parti divisé notamment par le succès de Donald Trump.

Publié par France 2 Washington / Catégories : Non classé