C’est dans un concert de louanges que s’est achevée la première de la Scala de Milan ce 9 décembre, touchante « Tosca » saluée d’une tonnante ovation de 15 minutes et de roses par batelées. Pièce d'anthologie écrite par Puccini, elle ouvre la saison devant un parterre conquis, où s’alignent robes longues, smokings et bijoux. Dans un pays souvent traversé par les tensions politiques, cette nuit d'opéra représente l'un des moments-phares de la scène lyrique mondiale et de la vie culturelle italienne.
L'opéra change de maître
D’autant plus que celle-ci, de nuit, sonnait le glas d’un nouveau chapitre. La Scala change de directeur et passe en de nouvelles mains – auparavant autrichiennes (Alexander Pereira), désormais françaises (Dominique Meyer). Ancien directeur de l’Opéra de Vienne, l’Alsacien d’origine souhaite "rallumer la mèche" et "recentrer le répertoire" du théâtre milanais.
Ouverte en 1778, une fois bombardée, maintes fois modernisée, la Scala connut le succès à grande échelle et des compositeurs d’envergure – de Verdi à Rossini. Elle a retrouvé son lustre en 2004, à la lueur d’une restauration de 61 millions d’euros. Cette nuit-là, l’opéra résonna de la même pièce que celle d'inauguration de la Scala il y a 242 ans : "l’Europa riconosciuta" d'Antonio Salieri. Pour que l’Europe se souvienne de l’impact international d’un si beau temple du bel canto. Reportage d’Alban Mikoczy, Lorenza Pensa, Claudia Billi et Valérie Parent.
L’info en + : Il existe à Paris une Scala, réplique plus petite que celle de Milan. C'est Marie-Reine Voisin, la veuve d’un riche industriel français, tombée en pâmoison devant le théâtre italien, qui fit construire en 1873 ce café-concert sur les Grands Boulevards (1 400 places, contre 3 000 en Italie) pour y reproduire le luxe que l'on goûtait à l'époque - avec coupole, lustre, et balcons bleu et or, entre autres ornements.
Anne Donadini