À Rome, les ordures volent la vedette aux monuments historiques

Sur les pavés, la crasse. À Rome, les crises des déchets sont fréquentes, mais celle de l'été 2019 prend une tournure dantesque. N'étant pas autosuffisante en terme de traitement des ordures, la capitale italienne croule sous des monticules de sacs poubelles et de bennes parfois incendiées à chaque coin de rue.

Les centres d'incinération brûlent... ou ferment

Le problème a émergé avec l’incendie d'un centre d’incinération romain, situé via Salaria, en décembre dernier. Une nouvelle étape est franchie en avril 2019 avec la fermeture de deux autres centres de la capitale pour manutention. C'en est fait ; le système déjà précaire devient dès lors une crise sanitaire de grande ampleur, aggravée par les fortes chaleurs du mois de juin.

Ce centres d'incinération sont pourtant d'une grande préciosité, les Romains triant assez peu leurs déchets (seuls 43 % des détritus sont triés). En outre, l’entreprise AMA (la société publique de nettoiement de la ville) est gravement endettée. L'investissement dans de nouveaux centres ou de nouveaux véhicules (près de la moitié d'entre eux sont en panne) est fortement compromis.

Quelles solutions ?

Face au chaos hygiénique de la ville, les déchets sont transférés dans d'autres communes, voire d'autres régions ou d'autre pays - par le passé, l'Autriche a déjà pris en charge le contenu des poubelles romaines. Ces tensions ont engendré de violentes confrontations entre la maire 5 étoiles, Virginia Raggi et le président de la région Lazio (Parti Démocrate), Nicola Zingaretti, chacun d'eux rejetant la faute sur l’autre.

De quoi alerter le ministre de l’Environnement 5 étoiles, Sergio Costa. Ce dernier a déclaré derechef l’état d’urgence, ordonné la nettoyage de la ville en 20 jours ainsi que le transfert des ordures vers de nouveaux centres d’incinération.

Pendant ce temps, lasse des mauvaises odeurs récurrentes, la population romaine s'en prend au personnel de l'AMA, l'insulte ou met le feu à des bennes. Ces incendies, par la toxicité qu’ils dégagent, ne font que redoubler les risques sanitaires encourus par la population. Virginia Raggi, guère populaire auprès de ses concitoyens, ne peut que sortir affaiblie par cette nouvelle crise. Reportage d'Alban Mikoczy, Laura Tositti, Claudia Billi, Kimberley Lestieux et Raphaël Jacomini.

L’info en + : Depuis le pic de la crise, à partir de mi-juin 2019, jusqu’au début du mois de juillet, 21 % des déchets produits quotidiennement par la ville restaient chaque jour sur la chaussée (soit 650 tonnes sur 3000). La forte montée des températures aggrave le phénomène et provoque la prolifération de rats, de vers et de goélands.