Le MAXXI, musée d’art contemporain de Rome, est en rupture totale avec l’image de la ville antique. Choix architectural osé et agencement particulier, retour sur les défis de ce musée ambitieux.
Une avancée de tour de contrôle en pleine rue sur laquelle se reflètent des cordes à linge caractéristiques de l’Italie méridionale. Au milieu des immeubles de couleur ocre du XXe siècle si typiques de Rome, se dresse l’impertinent MAXXI. Niché au cœur du quartier résidentiel de Flaminio, le Musée des Arts du XXIe siècle se détache des codes de l’architecture romaine par son design de béton et de verre. Pas de doute, le Maxxi détonne dans cette ville réputée pour ses monuments antiques.
Un paradoxe architectural
Ses volumes étranges sortis de terre en 2010 restent peu connus des touristes. Ils ne sont que 400 000 à les visiter sur les 16 millions qui se rendent à Rome chaque année. Avec son emplacement excentré des quartiers historiques, il est l’un des secrets les mieux gardés de la capitale. "On a appris que le MAXXI existait parce qu’on cherchait un musée d’art contemporain", explique Camille, française visitant l’Italie avec des amis. "C’est vraiment différent du reste de Rome, on a l’impression de voyager", ajoute-t-elle.
Ce projet audacieux est l’œuvre de l’architecte irako-britannique Zaha Hadid, lauréate du Prix Pritzker en 2004, l’équivalent du Prix Nobel pour l’architecture. "C’est très beau, on n’a pas ça en Belgique", nous souffle un adolescent.
Le MAXXI, un "monstre vivant"
L’intérieur donne l’impression d’entrer dans un dédale noir et blanc aux allures de vaisseau spatial. Avec son hall de 16 mètres sous plafond, ses longs escaliers entrelacés et ses couloirs en accordéon qui ne mènent à aucune pièce, l’édifice est déjà une oeuvre d’art en lui-même. D’où les critiques qui fusent parfois : le MAXXI aurait une personnalité tellement forte qu’il ne permettrait pas de mettre en valeur les artistes qui y sont exposés. Hou Hanru, son directeur artistique, l’avoue d’ailleurs : "on a cet objet bizarre mais on ne doit pas s’y arrêter, on essaye de le transformer en un monstre vivant".
A ses débuts, le "monstre" de Rome ne fait pas l’unanimité : son architecture futuriste gène les Romains. D’autant que ce pari fou aura coûté 150 millions d’euros. Le jour de l’inauguration, le ministre de la Culture de l'époque Sandro Bondi est hué par plusieurs dizaines de personnes.