Brexit : comment réagissent ces 10 entreprises britanniques ?

Le lendemain du vote, la compagnie Ryanair proposait des centaines de sièges à 9,99 £ (11,7 €) au départ de la Grande-Bretagne... et en aller simple !

Deux semaines après le référendum, les conséquences du Brexit se font déjà sentir dans la sphère économique britannique. Grandes compagnies aériennes, cols blancs et banquiers de la City ou entreprises de taille plus modeste, inventaire des premières annonces émanant des firmes en Grande Bretagne.

VIDEO - Des entreprises britanniques qui accusent le coup :

Des compagnies aériennes désorientées

La compagnie de vol low cost EasyJet, qui comptabilise près de 70 millions de voyageurs par an, est une des premières entreprises à avoir réagi à l'annonce du Brexit. Carolyn McCall, la directrice générale, s'est voulue rassurante mais ne cache pas la nécessité de conclure rapidement un accord avec les pays européens : « Nous voulons que les choses restent inchangées. Seulement voilà, pour que les choses restent en l'état, il faudrait qu'EasyJet trouve le moyen de garder un pied dans l'Union. » Ainsi la compagnie a exprimé le souhait d'obtenir un « certificat de transporteur aérien », l'autorisation donnée à un pays de l'UE de circuler librement dans le ciel européen. Si EasyJet n'a pas voulu révéler auprès de quel pays membre elle voulait acquérir le précieux accord, il est probable que celui-ci pourrait demander, en contrepartie, la délocalisation de la compagnie sur son territoire.

De son côté, Ryanair attend la livraison d'une cinquantaine de Boeing d'ici l'année prochaine. Selon son directeur général Michael O'Leary, alors qu'à l'origine 20% d'entre eux devaient être affectés sur des bases britanniques, "la plupart sinon la totalité des avions seront affectés à des aéroports européens." La compagnie ne prévoit pas d'ouvrir de nouvelles lignes au Royaume-Uni d'ici les 12-18 mois "jusqu'à ce que l'incertitude soit dissipée". Le lendemain du vote, elle proposait des centaines de sièges à 9,99 £ (11,7 €) au départ de la Grande-Bretagne... et en aller simple !

Sur son compte Twitter, la compagnie British Airways a de son côté publié une invitation à destination des touristes américains, les exhortant à venir visiter la capitale anglaise : « Vos dollars n'ont jamais valu autant, et avec notre formidable promotion de trois jours, vous pouvez profiter encore plus de Londres ! »

La City dans le doute

Après avoir menacé pendant plusieurs semaines la City d'un retour à Hong Kong, sa ville natale, la Honkong and Shangaï Banking Corporation (HSBC) affirme réfléchir à déplacer un millier d'emplois, notamment à Paris. La délocalisation concernerait 20% des activités « banques d'affaires » et « marchés ». En février dernier, le PDG de la banque aux 250 000 employés (dont 50 000 en Grande-Bretagne) avait averti : « Nous avons la capacité de déplacer notre activité et notre personnel de Londres vers Paris ».

Des délocalisations d'emplois, c'est également ce qu'à annoncé la banque américaine Morgan Stanley il y a deux semaines. Sur les 5000 emplois qu'elle compte à Londres, ce serait environ un cinquième des travailleurs londoniens qui seraient menacés.

JP Morgan, autre banque américaine, qui emploie 16 000 personnes au Royaume-Uni, avait prévenu qu'en cas de Brexit, entre 1000 et 4000 emplois pourraient être déplacés : "Nous aurons peut-être besoin d'apporter des changements à la structure de notre entité légale européenne et à la localisation de certains emplois." Après Aviva et Standard Life, trois nouveaux fonds immobiliers viennent de suspendre leurs activités au Royaume-Uni : Henderson, Threedneedle Columbia et Canada Life.

Les nouvelles technologies, secteur en pleine expansion dans la capitale britannique, s'inquiètent aussi de la sortie de la Grande Bretagne. A Londres, elles ont voté à 87% en faveur du Remain. Toby Coppel, cofondateur de la société Mosaic, craint par exemple que "un jeune entrepreneur de 22 ans, installe sa start-up à Berlin plutôt qu'à Londres." Le parti allemand "Free Democratic" fait d'ailleurs déjà campagne pour attirer les jeunes Anglais :

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Les PME, victimes collatérales du Brexit

Les grandes entreprises ne sont pas les seules à subir les conséquences du Brexit. Les PME britanniques sont déjà touchées par la dévaluation de la livre. L'entreprise Air & Grace conçoit des chaussures qui sont ensuite fabriquées dans toute l'Europe. Depuis le référendum, le coût de fabrication des chaussures a augmenté de 10% et sa fondatrice, Claire Burrows, tente de faire face : "J'ai deux possibilités, soit absorber l'augmentation des coûts et réduire les marges, ou bien augmenter le prix de vente. J'ai choisi la première option, mais ce n'est pas une solution à long terme".

Le propriétaire des tapisseries Harris, lui, ne reçoit plus de commandes. "Le téléphone est tellement silencieux que j'ai dû vérifier qu'il fonctionnait !"

 

Charlotte Onfroy-Barrier & Damien Le Délézir avec Loïc de La Mornais