"Le Hobbit" donne-t-il vraiment la nausée ?

Peter Jackson parle de quelque chose de "totalement nouveau", "d'expérience unique". Son nouveau film Le Hobbit : un voyage inattendu comporte un petite révolution technologique : dans certaines salles (une trentaine en France), ce premier volet de la nouvelle trilogie qu'il consacre à Tolkien peut être vu en format 48 images par seconde ("High Frame Rate" ou HFR), soit deux fois plus qu'actuellement au cinéma. Couplée à la 3D, cette nouvelle technologie change effectivement beaucoup de choses pour les yeux. De là à parler de nausées, comme certains l'ont fait ? Voilà ce que j'en pense.

Entre le Théâtre de Guignol et un jeu vidéo

Les premières minutes du film m'ont totalement effrayée. On y voit le vieux Bilbo s'agiter chez lui, plaisanter avec Frodo (<3) et écrire son récit. Certains plans semblent désarticulés, maladroitement accélérés même ; Ian Holm et sa pipe se meuvent par moments comme Guignol dans son théâtre, marionnettes qui se détachent sur un décor dont la profondeur n'a rien de réel. Et puis, l'histoire s'enclenche. L'œil finit aussi par s'habituer, certainement. On a depuis longtemps abandonné l'idée qu'on était au cinéma, on finit par prendre plaisir à regarder une sorte de jeu vidéo cinématographique, tant l'impression de virtualité se fait sentir.

Le gros hic, lorsque l'action s'anime, c'est que la caméra pèse parfois des tonnes, contrairement à ce que Gaumont prétend. Le regard n'est plus alors celui de quelqu'un de l'autre côté de l'écran, mais celui d'un cameraman qui aurait conscience de toutes les contraintes techniques du tournage. J'avoue qu'au bout d'une heure de décors virevoltants, j'ai eu la tête qui tourne. A un moment, j'ai même dû fermer les yeux. La caméra s'enroule sur elle-même au-dessus d'un pont et l'on a vraiment l'impression d'être dans une nacelle surplombant les acteurs. Là, j'ai pensé : l'immersion du spectateur doit avoir des limites.

Beuuuuuh

Des signaux encourageants

Malgré tout, on sent avec The Hobbit : an unexpected journey une avancée technologique réelle, et pas un seul argument commercial. Avatar, de James Cameron, avait ouvert la voie au développement de films en 3D, mais je n'ai été convaincue par aucun de ces films. Non seulement, la teinte grisée de l'image me déçoit (penserait-on regarder la Joconde sans ses couleurs originelles ?) mais en plus, l'effet de relief ne fonctionnait que deux ou trois fois sur la totalité du long-métrage.

Avec ce premier volet du classique de Tolkien, on sent que Peter Jackson n'en est qu'à l'échauffement. Peut-être aurait-il dû se faire la main sur un autre film et appliquer son petit joujou au Hobbit une fois la technologie amplement maîtrisée. Cela dit, j'aurais du mal à dire que je n'ai pas été séduite. Les paysages, notamment, deviennent tout à fait bluffants, car l'ont perçoit mieux les nuances tant de reliefs que de lumière. Avec un peu de chance, les quelques moments désagréables seront corrigés dans les volets 2 et 3.

La vraie nausée : le prix

Une nuance de poids, néanmoins. Le format 48 fps (ou HFR) n'est encore disponible que dans quelques salles en France (voici la liste), et coûte extrêmement cher. A Paris, j'ai payé 14,20 euros (oui oui) pour une seule séance, sans le pop corn évidemment. Quatorze euros et ving centimes, certes avec achat de lunettes (1 euro), alors que j'ai la chance d'avoir une carte UGC illimitée. J'ai bien failli tourner de l'œil.

Quant aux lieux de diffusion, seul Gaumont-Pathé s'est positionné en faveur de cette technologie. Le manque d'information sur le type de diffusion est terrible, y compris sur Allocine ; à l'accueil, personne n'a été capable de me dire si le film que j'avais vu était diffusé en 2k (qualité d'image classique) ou 4k (qualité d'image top). Je confesse mon ignorance en la matière et ne dirais d'ailleurs pas "non" à une explication d'un professionnel du secteur, dans les commentaires. Promis, je ne lui vomirais pas sur les chaussures.

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Publié par Ariane Nicolas / Catégories : Actu