Journalistes coupés du réel? Pourquoi un tel ressenti? Le point de vue des guetteurs

Nous avons soumis le thème de notre émission de médiation "Les journalistes coupés du réel? Pourquoi un tel ressenti?" à notre réseau de « Guetteurs », environ deux cents téléspectateurs avec qui nous avons des liens réguliers. Voici quelques extraits de leur verbatim  :

« Comment vouloir coller à une certaine réalité, alors qu’il n’y a aucune diversité dans l’information avec les mêmes sujets traités de la même façon, les mêmes analyses, les mêmes experts, d’une chaîne à l’autre. Il n’y a pas de réalité vécue par les Français, il y a leur réalité rendue par les journalistes » P. H.

« La vie quotidienne n’est pas suffisamment prise en compte. L’immédiateté de l’information tend à occulter les informations du quotidien. Les reportages sur la vie de  tous les jours sont pourtant une bouffée d’oxygène au milieu des informations trop souvent institutionnelles. Il faut trouver un meilleur équilibre entre les deux pour plus de visibilité » L. C.

« Il serait simpliste de penser que l’on peut dresser un portait de la société française en 30 minutes de journal télévisé. Je regrette surtout le manque de recul, de perspectives et la place trop importante accordée à la politique politicienne » S. S.

« La question de la réalité est très complexe car elle dépend d’attentes ou de perceptions très individuelles. Nous sommes coincés entre la volonté d’avoir des infos sur ce qui se passe dans le monde et le parlez-moi de moi. Une chose m’agace parfois : les micros trottoirs .Ils ne sont pas représentatifs d’une opinion générale et pourtant on a trop souvent l’impression qu’ils le sont. Une illusion de réalité » O.R.

« Je trouve que les journaux télévisés de France Télévision se sont améliorés concernant la représentation des français. Je suis au chômage et il n’est pas rare que je sois représentée dans les reportages. Par contre c’est souvent assez défaitiste. Par contre, je regrette que l’on soit dans une sur médiatisation des petites phrases, des affaires. Personnellement, je me fiche de savoir qui se sent prêt pour 2017. Nos réalités sont ailleurs » A.T

« Les journaux nationaux même ceux de France 3 sont à mon avis un peu trop désincarnés. Les éditions régionales échappent, en partie, à cette critique » JL. M.

« J’ai trouvé excellent le documentaire de John-Paul Lepers, très documenté, expliqué simplement, à la fois basique et logique. J’ai ensuite lu de virulentes critiques sur internet. Ce qui m’a paru comme une info ancrée dans le réel a été ressentie pour beaucoup comme une manipulation des chiffres dans le but de légitimer l’immigration » O.R.

« Je déplore la place que l’on accorde à des faits divers, que l’on cultive le sensationnel et non la curiosité, la peur, le doute, le défaitisme. Les réalités ne peuvent se limiter à cela, surtout sur le service public » L. R.

« Vous êtes déconnectés de la réalité lorsque vous consacrez tant de temps aux spéculations sur les futures présidentielles. Est-ce l’essentiel » M.C.

« Les journalistes donnent beaucoup trop de place à la politique politicienne dans la couverture de l’actualité, avec l’obsession de l’échéance des présidentielles » C.F.

« Je pense que les journalistes sont déconnectés de la réalité. A cela s’ajoute les commentaires sur l’échéance de 2017. Je demande aux journalistes de traiter l’information, uniquement l’information, pas les prévisions et les prédictions. Nous en avons assez, de cette dictature de l’information, concentrée sur les mêmes sujets que je juge  disproportionné comme  la présidence de l’UMP » A.R.

« Fidèles de vos journaux, je constate que les reportages dans les familles françaises sont de plus en plus en décalage avec le niveau de vie de la plupart des téléspectateurs » R.S.

« Je pense qu’il y a un tournant qui s’opère dans la société. Les gens sont en manque de repères positifs, de reconnaissance pour leurs actions, d’explication pour les problèmes qu’ils rencontrent. Je pense que les journalistes doivent en tenir compte et travailler sur leur façon de penser, de réagir, de transmettre. On nous assène souvent froidement du négatif. Les faits oui, mais il est nécessaire d’aller au delà, et de donner des solutions » G. G.

« J’ai le sentiment que vous privilégiez une information plus institutionnelle qu’ancrée dans la vie réelle. C’est différent pour les médias régionaux » N. M.

« Il est très difficile de rendre compte, sur un journal d'une durée limitée, de tous les événements dans le détail. La formule idéale est donc le reportage, et le documentaire, pour le traitement de sujets particuliers qui doivent être approfondis. J'ai regardé les reportages sur Chanteloup-les-Vignes et sur le lien entre immigration et délinquance. J'ai beaucoup apprécié, car nous sommes en plein dans ce qui se passe tous les jours. Il y a eu une grande évolution depuis 10/15 ans... en relation avec les informations qui  circulent sur le net. Donc une grande transparence. Cela a pour effet d'être dans l'obligation, de traiter l'info différemment, car elle circule très vite et en détail très souvent. Il est vrai que l'on nous rebat aussi les oreilles avec 2017. Les politiques ont  l'air d'être beaucoup plus  préoccupés par cette échéance, que par le quotidien de la France...malgré leur déclaration.  La sincérité n'est  pas l'élément moteur non plus…Cela transparaît de plus en plus. Je vous souhaite une bonne émission, car le sujet est délicat et difficile » L. S.

« La réalité, c’est la vie de tous les jours. Même  si elle est différente d’un individu à l’autre, il y a des ancrages communs. Or que retient-on des informations, la petite phrase de tel ou tel, le positionnement des prétendant à la présidentielle de 2007, les promesses jamais tenues, les spéculations,  les chiffres du chômage inexorablement à la hausse. Je crois que ceux qui se sentent abandonné des médias voudraient y retrouver leur cas de temps en temps. On attend des journalistes, non pas qu’ils donnent l’impression de cohabiter avec le pouvoir, les élites, mais de nous informer vraiment sur les réalités du monde, du pays, des régions et des gens. » S. M.

« Très sincèrement, je ne trouve pas que la plupart des reportages ou des dossiers soient déconnectés des réalités.  Il faut par contre veiller à ne pas trop ajouter de la  morosité, de détresse, nous risquerions de sombrer dans une profonde dépression. Un peu moins de politique politicienne, oui. Davantage d’immersion dans les difficultés quotidiennes, non » JR. P.

« Il faut éviter de tomber dans le piège de vouloir donner la parole aux gens en ayant recours à des micros-trottoirs qui ne sont pas représentatifs car totalement aléatoires. C’est faire illusion. Si non je trouve que les journalistes font des efforts pour présenter la vie des français lorsqu’ elle présente un intérêt informatif ou qu’elle est liés à une actualité » C. L.