[Impressions] "On ne sent pas le poisson", slogan nationaliste hongrois

Capture d'écran d'une vidéo de campagne du Jobbik en 2010 montrant la "Nouvelle Garde Hongroise" en plein défilé sur la place des Héros de Budapest.

- "Bonjour, je suis journaliste française"

- "Aaah le Traité du Trianon..." (prononcez Trrianone)

Quel que soit leur âge ou leur milieu d'origine, beaucoup de mes interlocuteurs évoquent directement ce traité de 1920 par lequel la Grande Hongrie a été amputée d'une partie de son territoire, dont la Transylvanie devenue roumaine. Le traumatisme est tel, qu'ici, les sympathisants des milieux nationalistes vous parlent comme si la Première guerre mondiale avait eu lieu hier et que la Seconde n'avait joué qu'un rôle mineur. Petit précis du discours ultra-nationaliste hongrois, avec l'aide du Dr Hendrick Hansen de l'université Andràssy.

"Ils ne sont pas conservé la pureté ethnique depuis Attila"

D'abord, les nationalistes oublient de dire que la Grande Hongrie était un Etat pluri-ethnique avec des Serbes, des Croates, des Roumains ... "Ils n'ont pas perdu LEUR territoire", insiste le chercheur qui souligne aussi "cette façon de raconter l'Histoire de la Hongrie comme une histoire d'invasions successives contre un peuple hongrois qui a su garder sa pureté vis-à-vis de l'envahisseur."

Ensuite, ils s'appuient sur le turanisme, une théorie linguistique qui affirme que le Hongrois ne descend pas du finnois mais du turc. Récupérée politiquement, cette théorie "oppose les Finlandais qu'elle voit comme des paysans et des pêcheurs aux Turcs, valeureux guerriers à cheval dont descendent, bien sur, les Hongrois", résume Hendrick Hansen. Il n'y a qu'à voir la Place des Héros à Budapest. En politique, ça donne ce slogan de l'extrême-droite hongroise : "On ne sent pas le poisson." Et les ultra-nationalistes de vouloir regarder plus vers l'Orient que vers Bruxelles-et-ses-paysans-pêcheurs.

 

C'est la fin de cette étape hongroise. Merci à Zsuzsanna Sárközy pour la soirée rock nationaliste au bord de la voie ferrée, et à Eva Gàldi pour son organisation, ses explications, précisions et traductions, ainsi que les quelque 900 kilomètres parcourus à avec seulement l'énergie de quelques barres chocolatées grignotées au volant.

C'est aussi la fin de ce périple en terre nationaliste et populiste européenne, commencé, c'est un hasard, chez les "pêcheurs" Finlandais dont les nationalistes hongrois se sentent si éloignés... Merci aussi à ceux qui m'ont aiguillée, relue et corrigée, ainsi qu'à vous de l'avoir suivi !

Publié par Souriez vous êtes soignés / Catégories : Hongrie