Donald et Edward, 100 ans d'opposition au projet européen à eux deux

Donald Martin, président d'honneur de Campaign for an Independent Britain, le 26 avril 2014 à Londres.

Ils ont respectivement 76 et 70 ans et ont consacré presque autant d'années à lutter contre le projet européen. Donald Martin, président d'honneur de Campaign for an Independent Britain, un lobby transpartisan centré sur l'opposition à l'Union européenne, et Edward Spalton, son secrétaire général, se sont mis sur leur 31 pour la réunion annuelle de leur organisation. A un mois des élections européennes, Ukip, "le seul parti qui propose de sortir de l'Europe" et pour lequel ils vont voter, est en passe de réunir un tiers des électeurs britanniques. Rencontre avec ces deux vétérans de l'euroscepticisme.

"Le chemin de la tyrannie et de la bureaucratie"

"Rendez-vous compte, il est opposé à l'Union européenne depuis 1956", souffle-t-on respectueusement au passage de Donald Martin. "Sans cette cause, je n'aurais jamais rencontré ma femme", glisse le principal intéressé en guise de préambule. Il jette un regard tendre à Mrs Jane Martin, qui biffe consciencieusement les noms des adhérents qui arrivent. Dès 1956, "un an avant le traité de Rome", Donald Martin n'aime pas ce projet européen, contre lequel il publie un petit fascicule encore en vente parmi les ouvrages conseillés par le lobby.

"Même à mon adolescence, j'ai toujours été contre le pouvoir centralisé qui finit toujours par être tyrannique", explique-t-il. Et de détailler : "Le pouvoir engendre la corruption, donc le pouvoir absolu entraîne l'absolue corruption." Appuyé sur une sobre canne en bois, il estime n'avoir pas été démenti depuis. "Chaque jour, Bruxelles s'enfonce un peu plus sur le chemin de la tyrannie et de la bureaucratie", assène-t-il, un NO majuscule inscrit entre les étoiles du drapeau européen sur sa cravate.

Dans quelques semaines, il votera pour la liste conduite par Nigel Farage. "C'est le seul qui offre une alternative aux citoyens, celle de sortir de l'UE." Il reconnaît que la presse a lancé "quelques œufs pourris", comme cette enquête du Times (lien en anglais) qui révèle que le leader du parti reçoit chaque année 15 500 pounds (19 000 euros) de la part de Bruxelles pour financer son QG de député européen, quand celui-ci ne coûte que 4 000 euros. "Mais beaucoup d'autres font tellement pire", soupire Donald Martin, qui s'excuse de ne retrouver aucun exemple, "l'âge et les médicaments contre Parkinson".

"La saine surprise Ukip"

Edward Spalton, secrétaire général du lobby "Campaign for an Independant Britain", le 26 avril 2014 à Londres.

Edward Spalton, secrétaire général du lobby "Campaign for an Independant Britain", le 26 avril 2014 à Londres.

"L'Union européenne ne peut plus avancer masquée. Maintenant, tout le monde voit que c'est un Super-Etat." Un verre de vin blanc dans une main, un roulé pur gras et sucre dans l'autre, Edward Spalton savoure. "Ukip est en train de changer la donne, il menace les autres partis", sourit-il sous son bouc argenté, petits yeux gris pétillants.

En 1973, il a failli se faire avoir. "L'idée de la liberté de commercer était assez plaisante", justifie Edward Spalton, alors dans le négoce de matières premières alimentaires. Mais il ne comprend "déjà pas pourquoi il faut cesser nos relations avec nos amis de longue date du Commonwealth" pour privilégier les autres Etats-membres. Du coup, il vote "non" à l'entrée de la Grande-Bretagne dans le marché commun. Et combat tout ce qui vient de Bruxelles depuis. "L'Union européenne, c'est comme l'Eglise romaine, tu prends tout ou bien tu n'en fais pas partie", accuse cet ancien catholique devenu orthodoxe "entre autres raisons" parce que "l'Eglise d'Angleterre est devenue tellement europhile".

Un drapeau britannique sur sa cravate bordeaux, un autre épinglé sur le revers de sa veste de costume, il a longtemps été membre de Ukip, avant de le quitter "car il fallait aller convertir des gens de tous les partis""L'UE a fait de notre gouvernement une imposture", résume-t-il, "chaque fois ahuri de voir à quel point nos députés ne connaissent même pas l'étendue des pouvoirs qu'ils ont abandonnés à Bruxelles." Et d'espérer que Ukip provoque "une saine surprise" au sein des "trois partis habituels""Que leurs politiciens moutons se fassent jeter hors de leur siège, histoire qu'ils impriment le message!"

Publié par Souriez vous êtes soignés / Catégories : Royaume-Uni