Hollande et Sarkozy dans le collimateur des primaires de gauche et de droite

François Hollande et Nicolas Sarkozy, le 10 décembre 2013, à Johannesbourg (Afrique du Sud). (ELMOND JIYANE / GCIS / AFP)

Il ne faut pas s'y tromper ! Les primaires organisées par la gauche, par la droite et par les écologistes sont devenues des machines à éliminer plutôt qu'à promouvoir. Il ne s'agit plus tant de désigner un "champion" - le candidat supposé être le meilleur du camp concerné - que d'éliminer tous les gêneurs qui peuvent faire de l'ombre.

Le scrutin présidentiel de 1981 avait donné, à sa manière, un avant-goût de la transformation de la mécanique pour accéder à l'Elysée. Il y a un peu plus de 35 ans, le désir majoritaire avait été de se débarrasser de Valéry Giscard d'Estaing. Promoteur d'un septennat libéral qui avait l'ambition de moderniser la société française, VGE, par son comportement, avait fini par indisposer celle-ci.

On était passé d'un coup d'une élection par adhésion à une élection par rejet. Giscard rejeté, Mitterrand pouvait entrer au "Palais" et faire accéder la gauche au pouvoir suprême, pour la première fois sous la Ve République. Les trois consultations suivantes ne démentirent pas ce postulat puisqu'il fallut successivement effacer Chirac face à Mitterrand en 1988, puis Balladur et Jospin face à Chirac en 1995 et enfin Le Pen face à Chirac en 2002.

La suffisance sarkozyste et la morgue giscardienne

Seul Sarkozy, il faut le reconnaître, avait su inverser la mécanique pour revenir à l'élection présidentielle par adhésion en 2007. Incontestablement, il avait provoquer un réel enthousiasme dans le "peuple de droite", en conduisant une campagne intelligente et novatrice, tambour battant. Sa volonté de bousculer la société française, comme VGE plus de trente ans avant lui, fut payante.

Las, il a miné lui-même son quinquennat. Toutes choses égales par ailleurs ou plus sûrement inégales tant les deux hommes sont différents, la suffisance sarkozyste n'avait rien à envier à la morgue giscardienne. On comprend mieux pourquoi Hollande, après l'avoir défait en 2012, a voulu jouer une "présidence normale". Mal lui en a pris car cette posture là ne lui a pas du tout réussi. C'est un euphémisme !

Et voilà qu'arrivent les primaires de chaque camp avec une saveur de réchauffé et de déjà vu. L'adhésion est aux abonnés absents, le rejet revient en majesté. Tant à gauche qu'à droite, et même chez les écolos, c'est dire, les plans de bataille se mettent en place pour jouer "tout sauf..." A gauche, c'est "tout sauf Hollande", à droite, "tout sauf Sarkozy" et chez les Verts, "tout sauf Duflot". Mélenchon n'aura pas ce souci initial puisqu'il ne passe pas par la case primaire.

La gauche socialiste sans sérieux candidat de rechange

Tous les candidats socialistes à la primaire de gauche - Benoît Hamont, Marie-Noëlle Lienemann et Gérard Filoche, opposants de toujours à la ligne social-démocrate - ont adopté un positionnement anti-Hollande. Malgré les apparences, c'est encore ce qui se vend le mieux au PS. Arnaud Montebourg, dont on ne sait s'il passera par la chicane de la primaire, a, quant à lui, suggérer explicitement au chef de l'Etat de ne pas repiquer au motif que son quinquennat est, selon l'ancien ministre, indéfendable...

Même topo à droite, même si les choses étaient moins visibles car Sarkozy n'a officialisé sa candidature que le 22 août. Tous les autres concurrents de la primaire, soit une douzaine de personnes, ont accueilli cette annonce par un silence poli et unanime, histoire de bien montrer qu'il s'agit d'un "non-événement". Distancé dans les sondages, l'ancien président de la République ne fait plus peur à ses adversaires de droite. La campagne va pouvoir commencer et toutes les critiques vont se concentrer sur lui. Ce sera le miroir du anti-hollandisme.

La seule différence entre les deux primaires, mais elle est de taille, c'est que la droite a un sérieux candidat de rechange si Sarkozy était battu dans la première manche de son camp. Alors que la gauche n'aurait que de pâles figures à opposer si Hollande se trouvait dans la même situation au terme de la primaire de gauche. Le rejet ayant fait son oeuvre, la vraie présidentielle aurait alors de bonne chance d'être pliée avant même d'avoir été jouée. Adieu l'adhésion !

Publié par Olivier Biffaud / Catégories : Actu