Dialogue social en panne

"Quelle négociation ? " s'exclame Fati, désabusée, en sortant de l'usine. Aujourd'hui se tenait une nouvelle séance de négociation entre les syndicats et la direction de PSA. Il n'en reste plus que trois d'ici le 12 février. Le volet social du PSE (Plan de Sauvegarde de l'Emploi ), avec le départ à la retraite anticipé des séniors, les mesures d'accompagnement financier pour les salariés qui vont quitter le groupe ou seront mutés après la fermeture du site, est toujours en discussion. Les ouvriers d'Aulnay espéraient beaucoup plus que ce que la direction de PSA propose pour l'instant. Et le malaise s'accroît.

Zéro production

Ils voulaient absolument nous montrer que la production était bloquée. Pour la première fois, nous avons pu entrer et filmer à l'intérieur de l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois. Les ouvriers ont voté la grève mercredi matin et ont reconduit le mouvement dans l'après-midi.

Vicky, quelle vie après l'usine ?

Vicky est une ”enfant PSA”. Son père, son oncle, son cousin, dans sa famille tout le monde travaille chez Peugeot. C'est tout naturellement que cette jeune bretonne a trouvé un CDI à l'usine PSA de Rennes en 2004. Vicky avait 23 ans, elle a aujourd'hui 31 ans et bientôt neuf ans d'usine derrière elle. Il y a trois ans sa vie personnelle lui a donné envie de se rapprocher de Paris. PSA a proposé à Vicky de choisir entre l'usine de Poissy et celle d'Aulnay. Elle a choisi Aulnay, mauvaise pioche !

Didier Porte ne sera pas la voix de Peugeot

"Pour qui me prend-on, sapristi ? Par la moustache de la mère Denis, je ne suis pas l'ami Ricoré !" C'est en ces termes que l'humoriste Didier Porte vient de faire savoir qu'il a refusé d'être la "voix" de la prochaine campagne radio de Peugeot. Une agence de pub parisienne lui proposait un cachet de 340 000 euros ! Il a décliné l'offre : "Même Alain Minc ne touche pas autant pour aider ses clients à choisir entre deux erreurs stratégiques majeures " fait remarquer l'humoriste avant d'ajouter : "Peugeot licencie à tour de bras, ils vont supprimer 8 000 emplois et fermer l'usine d'Aulnay-sous-Bois rien que cette année, et ils sont prêts à lâcher 400 000 boulards à un gauchiste pour une poignée de spots radio à la con ! Ah, elle est bien gérée, la boîte !"

"PSA-Aulnay sera un des deux marqueurs industriels du gouvernement, avec Florange"

"En retenant l'information pour cause d'élection présidentielle, PSA a fait perdre au moins un an, si ce n'est plus, à tout le monde, et ce sont les ouvriers d'Aulnay qui vont le payer cash." Ainsi s'exprime Daniel Goldberg, le député PS d'Aulnay-sous-Bois. Il a été élu le 17 juin 2012 dans la 10éme circonscription de la Seine-Saint-Denis. Le 12 juillet, PSA annonçait sa décision de fermer son usine d'Aulnay. Un coup de tonnerre dans ce département du 93 déjà durement touché par le chômage.

Retour sur négociations

"Tout le monde aimerait que les choses se passent bien" glisse dans un demi sourire Didier, abrité dans la cabane des chauffeurs à la porte 3. Mais à entendre le compte rendu des négociations faite par Jean Pierre Mercier, le délégué CGT de PSA-Aulnay rien n'est mois sûr. Le marathon des négociations, sur le volet social du PSE (Plan de Sauvegarde de l'Emploi), est arrêté pendant les vacances. Il reprendra le 9 janvier pour encore 5 séances et devrait s'achever le 12 février.

Vœux de fin d'Aulnay

Deux semaines de repos forcé qui tombent bien pour beaucoup d'ouvriers d'Aulnay. Ce soir et jusqu'au 3 janvier, les grilles de l'usine resteront fermées. À l'heure du changement d'équipe, devant la porte numéro 3, nous sommes allés sonder le moral des troupes, pas vraiment au beau fixe. C'est le dernier jour avant les vacances. L'impatience d'entrer dans le concret grandit, alors que les négociations traînent en longueur.

Louis Gallois entre au conseil de surveillance de PSA

Louis Gallois, sera nommé administrateur de PSA Peugeot Citroën. L'ancien patron d’EADS, auteur du fameux rapport sur la compétitivité des entreprises, entre au conseil de surveillance du groupe automobile. Après avoir accordé une garantie de 5 à 7 milliards à la Banque PSA Finance, la filiale de crédit du constructeur, l’Etat avait exigé en contrepartie qu’un administrateur indépendant « en lien avec l’État» et un administrateur salarié fassent leur entrée au conseil de surveillance du groupe. Tout en exigeant un droit de regard sur la stratégie de l'entreprise.
Première réaction, celle du délégué CGT de PSA-Aulnay, Jean Pierre Mercier

"Ils nous ont trop menti, on n'a plus confiance"

Nous avons rencontré Sandrine et Didier il y a quelques jours dans leur maison de Silly le Long (Oise). Didier redoutait un durcissement du climat à l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois dans les prochains mois : "Aulnay est une bombe à retardement" nous expliquait-t-il "les gens attendent et lorsqu'ils verront qu'il n'y a pas de solution pour eux, ils vont se réveiller et ça ira mal".

La CGT a un plan B

Aujourd'hui, le cabinet d'expertise Secafi viendra remettre aux élus du CCE (Comité central d'entreprise) de PSA son rapport définitif sur la restructuration du groupe. Neuf scénarios étudiés et un dixième à la demande de la CGT. Un plan B que Jean Pierre Mercier, délégué à Aulnay et Bruno Lemerle, élu à Sochaux sont bien décidés à argumenter. Pour les deux responsables syndicaux : "En l'état le plan Varin, un plan financier pas industriel, compromettrait l'avenir de PSA et surtout l'ensemble de la filière automobile". Ils avaient donné rendez-vous à la presse hier matin au siège de la CGT à Montreuil. Dans cette même salle, en juin 2011, la CGT avait rendu public l'intention de PSA fermer l'usine d'Aulnay où travaillent 3 000 salariés.