Clap de fin

Frank alias Kash, l'ouvrier rappeur de PSA et son complice Sébastien ont franchi pour la dernière fois la grille de l'usine. Cette grille devant laquelle ils avaient tourné ce fameux clip  "Ça ne peut plus durer" qui a été l'un des symboles de la colère des PSA d'Aulnay et fait le buzz sur internet.

`"C'est vrai que ça va faire  bizarre de se dire je ne suis pas obligé de mettre le réveil à telle heure le matin" s'exclame Frank en sortant mais l'ouvrier rappeur  est déterminé à tourner la page et à changer radicalement de vie : "Je ne suis pas vieux j'ai encore le temps de me refaire".

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En effet Frank et Sébastien ont choisi de quitter le groupe profitant des mesures du PSE. Ils vont créer chacun leur petite entreprise. L'usine dans laquelle ils travaillaient depuis plus de dix ans va fermer, alors ils se jettent à l'eau. Le son et la musique pour Frank, l'image et la photo pour Sébastien. Chacun selon ses spécialités. Frank et Sébastien vont s'établir à leur compte.

"Je suis un mec qui rebondit, j'ai déjà mis une autre adresse dans mon GPS"  explique l'ouvrier rappeur dans un grand sourire "on avait l'opportunité de pouvoir se lancer avec un petit apport, alors on fonce si on voit qu'on s'est trompé, on retournera travailler comme salarié mais au moins on aura essayé". 

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Le plus important  aujourd'hui pour Sébastien qui a passé quatorze années à l'usine comme électromécanicien : "C'est de se prendre en main on nous a trop mené par le bout du nez pendant deux ans. C'est dur de s'entendre dire tu dois faire ci tu dois faire ça et puis aujourd'hui tu dois partir" avant d'ajouter "moi je sais que c'est vraiment le truc qui m'a fait le plus de mal d'être traité comme comme des pantins ou des marionnettes". 

Que restera-t-il de toutes ces années passées à l'usine ? "Ici, j'ai appris beaucoup" confie  Frank. Sur sa ligne de montage il a côtoyé des femmes et des hommes venus de quarante six pays différents et de tous les âges. Mais il n'oubliera pas non plus la dureté du travail : " J'ai fait plein de sports, du hand, du basket de la boxe mais  honnêtement, la chaîne, c'est le sport le plus difficile, dur physiquement et mentalement. Il faut être fort pour tenir, si on arrive pas à s'échapper même dans sa tête on vieillit beaucoup plus vite à la fin de la vie on devient des légumes et voilà pourquoi c'est difficile pour certains de rebondir". 

À l'intérieur ils ne donnent plus rien à faire. Onze mois après l'annonce de la fermeture la chaîne ne tourne pas. Ceux qui restent essaient de  tuer le temps et ces derniers jours les pieds dans l'eau. Ce n'est pas bon pour le moral.

Frank qui a su trouver les mots pour porter la colère des ouvriers de l'usine, aujourd'hui, au moment de partir en choisirait d'autres "survie et revanche". Pour Sébastien ce serait plutôt le mot "injustice".

 

 

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Publié par Francine Raymond / Catégories : Actu