Il va falloir se reclasser

Virginie a passé 17 ans à l'usine, elle avait à 18 ans lorsqu'elle est entrée à PSA, au ferrage. Avec en poche un CAP de secrétariat et un autre de coiffure. À L'usine, elle a passé un diplôme de CMI (Conducteur de moyens industriels) et un CACES (Certificat d'aptitude à la conduite en sécurité). "Je suis multifonctions, je m'adapte et j'apprends" s'exclame Virginie dans un  grand éclat de rire. À Aulnay, Virginie a rencontré son mari. Ensemble, il y a trois ans, ils ont acheté une maison à crédit dans l'Oise. Cette vie qu'ils croyaient installer, il va falloir la réinventer. Il va falloir se reclasser.

Un CCE (Comité Central d'Entreprise Extraordinaire) se tiendra ce lundi au siège de PSA, une nouvelle séance de consultation et d'information "sur le dispositif d'accompagnement du projet de réorganisation industrielle et de réduction des effectifs" à l'usine de Rennes et d'Aulnay. Alors que la grève qui paralyse le site d'Aulnay-sous-Bois en est à sa 9ème semaine. Le PSE (Plan de sauvegarde de l'emploi) sera bientôt applicable et derrière des mots et des procédures parfois compliqués, Virginie a bien compris que ses indemnités de licenciement seront plus importantes, si elle décroche  un contrat de travail en CDI ou CDD d'au moins six mois avant le 31 décembre 2013.

Pour ceux qui ne souhaitent pas de mutation dans le groupe ou créer leur entreprise, il faut aller vite. Trop vite pour Virginie : "Je serai contente d'être reclassée mais pour l'instant on ne me propose que des boulots d'hommes, pourquoi on ne me donne pas la possibilité de toucher un bon chèque comme ça je peux me permettre de chercher sereinement un travail sans subir la pression d'une date butoir le 31décembre ? " demande-t-elle. En effet, pour l'instant on ne lui propose que des reconversions sur des postes de mécaniciens, électriciens ou plombiers, des métiers dans lesquels elle n'a aucune compétence.

Depuis un mois, afin d'informer les salariés de l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) des possibilités de reclassement, la direction de PSA a ouvert un Pôle de mobilité professionnelle à Saint-Denis, loin de l'usine. Plusieurs fois par semaine, une navette achemine  les salariés d'Aulnay qui désirent s'y rendre. Ils peuvent se renseigner sur les mesures du plan de sauvegarde de l'emploi, émettre des souhaits sur les reclassements internes ou externes et consulter les offres d'emploi.

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Ce jour là, Virginie qui n'est pas gréviste est allée consulter les offres de reclassement proposées au Pôle de mobilité. Elle en revient avec beaucoup de questions et peu de réponses. Extrait de ces incessantes conversations sur l'avenir, dans l'usine désertée. Toujours les mêmes interrogations qui tournent en boucle : quitter le groupe, demander une mutation, accepter les reclassements dans les entreprises candidates sur le site mais à quel prix. "Je veux bien faire un effort, me serrer encore plus la ceinture, mais je ne peux pas perdre plus de 200 euros par mois" explique Virginie qui gagne un salaire de 1500 euros à PSA.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié par Francine Raymond / Catégories : Actu