Ils ne lâchent pas la pression

Ils attaquent leur sixième semaine de grève et ne désarment pas. Hier, à Bobigny, autour du médiateur, le directeur départemental du travail Marc Leray désigné par le gouvernement, se tenait la première rencontre "de conciliation" entre un responsable de la direction de PSA et les délégués des syndicats qui appellent à la grève. Mais les grévistes de l'usine PSA d'Aulnay veulent maintenir la pression. Chaque jour ou presque ils inventent une nouvelle façon de faire parler d'eux.

Solidarité avec les grévistes de Lear

Il faisait froid hier matin devant l'usine. Ils avaient rendez-vous à 6h 30, trois cars les attendaient et comme toujours la destination était restée secrète. Ceux qui ne trouvent pas de place dans les cars suivent en voiture.  Sophie a relevé la capuche de son manteau, depuis onze ans elle est opératrice au montage, non syndiquée, pas tous les jours en grève mais toujours prête à se joindre aux "sorties" organisées par les grévistes "pour faire pression sur la direction". Sébastien, électromécanicien, lui aussi non syndiqué est également de la partie. Tous les deux ont décidé de quitter PSA et de ne pas demander de mutation interne. Mais pas question de partir avec ce que la direction propose pour l'instant.

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Ainsi, les deux cents grévistes d'Aulnay  entrent, peu après 9 heures, dans l'enceinte de l'usine Lear, à Saint-Ouen-L'Aumone (Val-d'Oise). Lear Corporation, c'est un sous traitant de PSA. Depuis une semaine, 250 des 400 salariés de l’usine ont cessé le travail. En effet, cette société américaine qui produit des sièges pour trois modèles de Peugeot et Citroën (208, C3, et DS3) est  aussi menacée par un plan de restructuration et sous la menace de la suppression de 300 emplois. Lear est touché de plein fouet  par la baisse de régime de PSA, leur unique client. " Notre activité a diminué de 30% depuis que PSA a décidé en octobre de délocaliser partiellement sa production en République tchèque ", précisent les organisations syndicales de l'équipementier.

Le soutien des grévistes de PSA était inattendu. L'effet de surprise passé, les PSA d'Aulnay ont été accueillis aux cris de "PSA Lear, même combat !" par les salariés de l'usine à l'arrêt. "Ils débutent leur grève, c'est normal, notre venue ça leur fait chaud au coeur" commente Sophie "c'est émouvant" ajoute-telle.

Deux heures plus tard, les ouvriers d'Aulnay, reprennent la route, direction l’usine PSA de Poissy (Yvelines). Conséquence de la grève des salariés de Lear, à Poissy, depuis jeudi, entre 3000 et 5000 voitures sont sorties des chaînes de montage sans sièges. Pas commercialisables en l’état, elles sont stockées, en attendant, sur les parkings du site.

 "À POISSY, ILS ONT ENCORE DU TRAVAIL"

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Les grévistes d'Aulnay avaient donc prévu de se rendre sur le parking de l'usine PSA de Poissy vers midi au moment du changement d'équipes pour une distribution de tracts. Il est exclu d'entrer à l'intérieur de l'usine : "Parce qu'à l'intérieur ce n'est pas encore mûr" explique Jean Pierre Mercier, le délégué CGT, à ses troupes.

"Bientôt ce sera votre tour " clament ceux d'Aulnay. Les ouvriers de Poissy passent devant eux souvent sans réagir.  Sébastien, ne quitte pas son appareil photo, il s'efforce de prendre du recul : "À Poissy, ils ont encore du travail, ils pensent qu'ils ne le perdront pas j'espère que dans quatre ou cinq ans ils ne seront pas dans la même situation que nous" confie-t-il.

Selon une étude d'impact, la fermeture de l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois, la première usine d'assemblage automobile à fermer ses portes en France depuis l'arrêt du site de Renault à Billancourt il y a plus de vingt ans,  doit entraîner 4 000 suppressions d'emplois en incluant les fournisseurs et les intérimaires.

Extraits de cette nouvelle journée d'action.