"PSA-Aulnay sera un des deux marqueurs industriels du gouvernement, avec Florange"

"En retenant l'information pour cause d'élection présidentielle, PSA a fait perdre au moins un an, si ce n'est plus, à tout le monde, et ce sont les ouvriers d'Aulnay qui vont le payer cash." Ainsi s'exprime Daniel Goldberg, le député PS d'Aulnay-sous-Bois. Il a été élu le 17 juin 2012 dans la 10éme circonscription de la Seine-Saint-Denis. Le 12 juillet, PSA annonçait sa décision de fermer son usine d'Aulnay. Un coup de tonnerre dans ce département du 93 déjà durement touché par le chômage.

"J'attends de l'État qu'il ait un droit de veto sur le PSE"

"PSA s'est engagé à ce qu'aucun ouvrier d'Aulnay ne se retrouve à Pôle Emploi", se plaît à rappeler le député de Seine-Saint-Denis : "Je demande à PSA d'entrer dans le concret car si on ne prévoit pas d'ores et déjà l'organisation de la vie des 1500 personnes qui sont censées aller travailler à Poissy [Yvelines], ces engagements ne seront pas tenus."

Daniel Goldberg en est convaincu : "La puissance publique est en capacité d'imposer un certain nombre de choses à PSA." En effet le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) n'est pas encore engagé. "Lorsqu'il le sera, l'État va être sollicité pour accompagner ce PSE, par exemple par des départs à la retraite anticipés", nous explique l'élu : "Cela aura un coût. Il faut que l'État dise oui ou non. Moi, j'attends qu'il exerce un droit de veto sur l'ensemble du dispositif."

En tout cas, les élus locaux comme les salariés sont très loin d'avoir des précisions sur le niveau d'emploi, les salaires ou les conventions collectives des entreprises qui doivent s'implanter sur le site de PSA. Aujourd'hui, les 170 hectares du site ne sont utilisés qu'à 30%, il y a toujours eu de la place pour accueillir des entreprises. Mais Daniel Goldberg en a parfaitement conscience : "Toutes ces zones d'ombre créent de la défiance."

"Je comprends la défiance"

Défiance est sûrement le mot le plus souvent utilisé par les ouvriers d'Aulnay. Défiance envers la direction mais aussi envers les politiques. Daniel Goldberg le reconnaît, mais il fait remarquer aussitôt : "Il y a très peu de gens qui vont discuter avec les salariés, heureusement qu'ils ont encore des élus avec lesquels ils peuvent parler même parfois avec véhémence, en pointant leur angoisse. Si je n'étais pas là pour entendre cette angoisse, je ne serais pas dans mon rôle." Pour le député, il ne faudra pas s'y tromper : "avec Florange, PSA-Aulnay sera un des deux marqueurs industriels du gouvernement". Et Daniel Goldberg de conclure : "Les réponses qui seront données sur ces deux sites seront importantes politiquement."