Quatre choses à savoir sur "Premier contact", le film ovni de Denis Villeneuve

Même s’il est reparti bredouille de la dernière édition de la Mostra, le nouveau film de Denis Villeneuve y a fait forte impression. Après avoir revisité le polar à suspens (Prisoners) et le thriller narcotique (Sicario), le Canadien s’est attaqué à la science-fiction et nous offre, pour son huitième long-métrage, un film beau et lent aux antipodes du genre, dans lequel la violence est (presque) totalement absente. Un ovni, au propre et au figuré, qui débarque sur les écrans français, mercredi 7 décembre.

Un scénario basé sur une nouvelle

"Quand les producteurs Dan Levine et Dan Cohen ont su que je m'intéressais beaucoup à la science-fiction, ils m'ont alors fait lire la nouvelle L’Histoire de ta vie, de Ted Chiang. J'ai adoré ça. Vraiment. Mais ça me semblait trop littéraire pour une adaptation au cinéma", confiait Denis Villeneuve à La Presse de passage à Venise en septembre.

Unanimement saluée par la critique et bien connue des amateurs du genre, cette nouvelle a été récompensée en 1999 par deux célèbres prix littéraires américains qui couronnent des œuvres de SF, le prix Nebula et le prix Theodore Sturgeon. En France, L’Histoire de ta vie est publiée avec sept autres nouvelles de l’auteur dans le recueil La Tour de Babylone aux éditions Folio SF et Denoël.

ARRIVAL

Sa grande originalité est d’explorer un thème peu abordé dans la science-fiction, la linguistique, à travers notre difficulté à communiquer les uns avec les autres. C’est également une réflexion sur le temps et la différence, mais surtout un récit d'anticipation plus centré sur les hommes que sur les aliens, porté par l’expérience personnelle de son héroïne, incarnée dans Premier Contact par la touchante Amy Adams (American Bluff, The Master). 

C'est la première fois qu'une nouvelle de Ted Chiang est adaptée au cinéma. Pour cet auteur américain aussi brillant que discret, ce Premier Contact sera peut-être l’occasion de se mettre sérieusement à l’écriture. Car nul doute qu’Hollywood va faire un pont d’or à cet informaticien afin qu’il accélère le rythme, lui qui n’a publié qu’une quinzaine de nouvelles en vingt-cinq ans.

Amy Adams as Louise Banks in ARRIVAL by Paramount Pictures

De bon augure pour la suite de "Blade Runner"

D’un pitch ultra banal, douze vaisseaux extra-terrestres se posent sur la Terre, affolant le monde entier qui se demande bien pourquoi ils sont là, Denis Villeneuve crée une œuvre d’une poésie rare qui questionne le spectateur. Et si ces aliens étaient là pour nous et non contre nous ?

Formellement parfait, Premier Contact est une excellente nouvelle pour les amateurs de science-fiction qui voyaient dans cette commande d'Hollywood un test pour le Canadien, qui a hérité de la suite du mythique Blade Runner, de Ridley Scott. Baptisé Blade Runner 2049, ce sequel devrait reprendre les aventures de Rick Deckard, 30 ans après les événements de Blade Runner.

Amy Adams as Louise Banks in ARRIVAL by Paramount Pictures

Un projet dans les cartons depuis dix-sept ans, qu’on imaginait cousu main pour Christopher Nolan (Interstellar) mais qui a finalement été confié à Denis Villeneuve en 2015. Produit par Ridley Scott lui-même, ce Blade Runner 2049  a même convaincu Harrison Ford, 74 ans, de reprendre du service. Un film qui brille déjà par son casting alléchant composé de Ryan Gosling, Robin Wright ou encore Jared Leto. Le film devrait sortir le 6 octobre 2017.

 

Dans sa valise, Denis Villeneuve a également emmené sur Blade Runner 2049 son compositeur attitré, l’Islandais Jóhann Jóhannsson (également à la baguette de la bande-originale de Premier Contact et de Sicario) et son directeur de la photo, Roger Deakins, qui a fait des merveilles sur Prisoners et Sicario.

Un box-office qui confirme le succès critique

Applaudi tant à la Mostra qu’au Festival du film de Toronto (Canada), Premier Contact a, depuis, confirmé l’accueil dithyrambique de la critique, qui affiche un score de 81 sur l’agrégateur de critiques, Metacritics et 93% au “tomatometter” de Rotten Tomatoes. Un succès par ailleurs déjà confirmé au box-office nord-américain où le film est visible depuis le 11 novembre. Il a depuis engrangé 73 millions de dollars de recettes pour un budget annoncé de 47 millions. Le site de Première précise d'ailleurs que grâce au bouche-à-oreille positif, le distributeur Paramount vient de décider d'ajouter 473 copies supplémentaires aux Etats-Unis. Après quatre semaines d'exploitation, Premier Contact s'est hissé à la troisième place du box-office américain et est désormais le plus gros succès américain de Denis Villeneuve, devant Prisoners.

A scene from the film ARRIVAL by Paramount Pictures

Mais au fait, pourquoi les extra-terrestres s'appellent Abbott et Costello ?

Sans dévoiler l’intrigue, sachez que vous verrez deux extra-terrestres dans Premier Contact. Ces créatures tenteront de communiquer avec deux chercheurs réquisitionnés par l'armée américaine afin de déterminer les intentions de ces "envahisseurs" plutôt imposants. D'un côté, la linguiste Louise Banks (Amy Adams) et de l'autre, le mathématicien Ian Donnelly (Jeremy Renner). 

Afin de faciliter la communication, ils vont d'abord les appeler par un terme générique, les Heptapodes, avant de choisir de différencier leurs deux interlocuteurs en les nommant Abbott et Costello. Une référence très américaine qui laissera perplexe bon nombre de spectateurs français, ainsi que les lecteurs de la nouvelle de Chiang, dans laquelle ces derniers se nomment (sans aucune raison particulière) Flapper et Raspberry.

L'explication est simple. Bud Abbott et Lou Costello sont des comiques américains très populaires au début des années 1950. En France, on les connaît sous le nom "Les Deux nigauds". Sortes de Laurel et Hardy, Abbott et Costello sont principalement connus pour leur sketch sur le baseball Who's on First ? que le magazine Time a désigné meilleur sketch du XXe siècle. Il est basé sur le quiproquo. Quoi de mieux pour nommer des créatures avec lesquelles on a un mal fou à communiquer ?

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