La BD de la semaine : "Marie-Antoinette", la jeunesse d'une reine racontée en manga

FUYUMI SORYO / KODANSHA LTD.

On ne cessera jamais de le répéter, mais les mangas ne se limitent pas à raconter des histoires d’affrontements entre de jeunes garçons aux coupes de cheveux artificiellement hérissés. Preuve en est le travail de Fuyumi Soryo, qui entreprend depuis dix ans de nous raconter en bande dessinée la vie du seigneur italien César Borgia. Avant la sortie du très attendu douzième tome de Cesare (éd. Ki-oon), Marie-Antoinette, la jeunesse d'une reine (éd. Glénat) se penche sur l'histoire de la reine du royaume de France, guillotinée à l’âge de 38 ans en 1793.

De quoi ça parle ?

De la rencontre entre Maria-Antonia, la jeune archiduchesse d’Autriche, avec son futur époux, Louis-Auguste, dauphin de France. Un déracinement violent pour cette adolescente, contrainte à 14 ans de s'unir à un homme qu'elle n'a jamais vu dans le but de sceller l’entente entre les deux pays. C'est cette plongée dans la cour de Versailles, figée dans ses codes et dans ses convenances qui nous est racontée à travers les yeux de la jeune fille. ∏MarieAntoinette3

Pourquoi on adore ?

Parce que si l'auteure s'intéresse à un des personnages de l'Histoire de France sur laquelle bon nombre se sont déjà attardés (Sofia Coppola et Benoît Jacquot au cinéma, par exemple), Fuyumi Soryo choisit de nous raconter une période très particulière de la vie de la jeune Autrichienne : son arrivée en France et les premiers mois au côté de son époux. L'occasion de revenir sur les débuts chaotiques d'un couple de très jeunes gens qui se rencontrent le jour de leur mariage et sur lesquels repose une énorme pression. Parce qu’on découvre une Maria-Antonia au tempérament espiègle, propulsée au centre d’une cour dont elle ne comprend pas les codes, mais dont elle pressent déjà qu’ils sont d’un autre âge. Elle y fera souffler un vent de fraîcheur, épinglant au passage quelques-uns de ses intrigants, dont la célèbre comtesse du Barry, dernière favorite du roi Louis XV. ∏MarieAntoinette9 Parce qu’on retrouve avec délice la précision ultraréaliste de la mangaka, déjà éprouvée dans Cesare. Même si la relation entre Marie-Antoinette et Louis-Auguste est probablement romancée, l'ensemble est rigoureusement documenté, toutes les scènes décrites dans Marie-Antoinette ayant été validées par le conservateur général du patrimoine des musées du château de Versailles. Une rigueur appliquée à l'architecture, aux décors et aux costumes, tous reproduits avec la précision qui caractérise le travail de Fuyumi Soryo. Fait exceptionnel pour un manga, l'ouvrage est publié en France en avant-première, juste avant le Japon. Seul regret, que ce volume ait été conçu comme un one-shot. On prie pour que son succès encourage les éditions Glénat et l'éditeur japonais Kodansha à envisager une suite.

C’est pour vous si…

Vous ne vous lassez pas de déambuler dans la galerie des glaces du château de Versailles, si vous étiez fan de Lady Oscar lorsque vous étiez plus jeune et, bien sûr, si vous pouvez passer de longues minutes à contempler les planches ultradétaillées de Fuyumi Soryo ou que l'attente avant le prochain volume de Cesare vous semble trop longue. ∏MarieAntoinette "Marie-Antoinette, la jeunesse d’une reine" de Fuyumi Soryo est disponible aux éd. Glénat, 180 p., environ 9 euros.