La BD de la semaine : un road trip en juin 1940, en pleine "Déconfiture"

C'est un événement peu glorieux de l'histoire de France que Pascal Rabaté a choisi de relater dans son nouvel album. L'auteur des Petits ruisseaux (qu'il a lui-même adapté au cinéma) publie cette rentrée aux éditions Futuropolis, La Déconfiture - Première partie, un récit sous forme de diptyque sur la débâcle de l'armée française, à peine neuf mois après le début de la Seconde guerre mondiale. Un road trip touchant et instructif.

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Ca parle de quoi ?

Des événements de juin 1940 en France, au moment où les routes du pays se sont transformées en un chassé-croisé inédit. D'un côté, des soldats larguées par une armée française désorganisée. De l'autre, des millions de civils fuyant leur quotidien pour échapper aux nazis. Pour raconter cet événement historique majeur, le dessinateur et scénariste français Pascal Rabaté a choisi de s’attacher au destin d’un bidasse, Amédée Videgrain, instituteur dans le civil propulsé soldat pendant la "Drôle de guerre".

Après un énième mitraillage de son régiment par l’aviation allemande, Videgrain est sommé d’attendre le passage des ambulances qui viennent récupérer les corps de ses camarades tandis que le reste du onzième continue sa progression. Mais avec le réservoir de sa moto endommagé par le raid aérien, Videgrain se retrouve incapable de les rattraper. Errant sur les routes, il croise alors de nombreux personnages, tous victimes de l’inexorable progression des Allemands.

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Pourquoi on adore ?

Parce que malgré la gravité de l’événement, Pascal Rabaté parvient, grâce à son talent d’écriture, à transformer cette déconfiture en road trip burlesque. Il dresse au travers des rencontres de Videgrain, un portrait de cette France en déroute. Officiers débordés, agriculteurs transformés en croques-morts ("emballeurs chez Borgnol, on fait des lits à la pioche et on borde à la pelle"), bidasses esseulés, parfois même allemands, civils en fuite avec leurs matelas, la France toute entière se retrouve sur les routes, impuissante face à l'envahisseur.

Malgré son âpreté, le dessin à l’encre de Chine de Rabaté, tout en nuances de gris, adoucit les horreurs de la guerre. Appuyé par de truculents dialogues à la Audiard, Rabaté donne à La Déconfiture un ton moins tragique que la situation qu’il décrit. En s'appropriant un épisode historique connu de tous, l'auteur d'Ibicus, déjà à l'aise en adaptant un roman d'Alexis Tolstoï, parvient à y insuffler humanité et empathie. Vivement le second volume que l'on connaisse le destin d'Amédée Videgrain, attachant témoin de l'époque.

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C’est pour vous si…

Vous aimez le sens du dialogue de Pascal Rabaté, récemment éprouvé dans Vive la marée ! (en sélection officielle lors de la dernière éditions du festival de la BD d’Angoulême). Si vous avez aimé regarder Le Train de Pierre Granier-Deferre ou Jeux interdits de René Clément, deux des films qui ont aidé Rabaté lors de la réalisation de cet album parfaitement documenté. Et si vous aimez qu'on vous raconte des histoires pour vous parler de l’Histoire.

 

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La Déconfiture - Première partie de Pascal Rabaté aux éd. Futuropolis, 96 p., environ 19 euros.