Sept choses que nous apprend "BrainDead", la série la plus dingue de l'été

Sur le papier, BrainDead avait déjà la palme du projet le plus loufoque de l’année. Diffusée sur la chaîne américaine CBS, la nouvelle série imaginée par Michelle et Robert King, les créateurs de The Good Wife, se présentait comme une satire politico-fantastique façon série Z dans laquelle des hommes politiques se faisaient dévorer le cerveau par des fourmis extra-terrestres ! Absurde ? Pas tant que ça. Alors que la diffusion s’achève bientôt aux Etats-Unis (et qu'aucune n'est encore prévue en France), il faut se rendre à l’évidence, si BrainDead est la série la plus jouissive de l’été, elle est également une des plus pertinente, tant elle dénonce (entre autres) la dérive de la classe politique. La preuve par sept selon Pop Up’ (avec quelques spoilers dedans).

1La classe politique a perdu la tête (au sens propre)

C’est par un événement inspiré d’un fait réel que débute le pilote de BrainDead. En raison d’un désaccord entre le camp républicain et démocrate, le budget n’est pas voté par le Congrès, ce qui entraîne l'arrêt du fonctionnement de nombreuses administrations et services fédéraux. On appelle ça le “shutdown” et en 2013, cet événement avait paralysé l’Amérique quinze jours durant.

Un dysfonctionnement du système législatif américain qui a marqué les époux King au point de leur inspirer BrainDead. “Il y a eu cet étrange moment à D.C. où tout semblait dérailler […] C’est là qu’on a eu l’idée de faire une série politique, mais d’une manière moins sérieuse qu’A la Maison Blanche. On avait alors l’impression que cette absence totale de stratégie politique était contagieuse et se propageait comme une infection d’une personne à une autre, comme dans le film L’invasion des profanateurs de sépulturesraconte Robert King à Vulture.

Comme dans ce film de science-fiction des années 50, les King ont choisi d’expliquer les comportements, parfois incompréhensibles, de nos hommes politiques par une invasion extra-terrestre. Dans BrainDead, si certains politiciens se comportent bizarrement, c’est tout simplement parce qu’ils ont perdu une partie de leur cerveau, grignoté par des “fourmis” extra-terrestres échappées d’une météorite ! Une explication étrange, mais finalement pas plus dingue qu'une autre.

2Il existe des insectes mangeurs de cerveau

C’est le moment un peu gore dans BrainDead. En file indienne, une colonie de "fourmis" pénètre dans l’oreille d’une personne pendant son sommeil. A son réveil, elle secoue la tête un peu gênée et expulse dans le plus grand calme… un bout de son cerveau ! Débarrassée de cette excroissance problématique (et des draps souillés), la vie peut alors continuer.

Des insectes qui grignotent un cerveau ? Une théorie vite explorée dans BrainDead par Gustav Triplett (l’excellent Johnny Ray Gill), un scientifique amateur qui est le premier à prendre cette épidémie de têtes qui explosent au sérieux. Car dans la vraie vie, il existe un genre de mouche bien connue des entomologistes, la lucilie bouchère (Cochliomyia homnivorax). Une bestiole fort sympathique qui adore pondre dans les plaies car ses larves se nourrissent exclusivement de matière vivante.

La vérité est tout autre dans BrainDead puisque ces créatures sont d'origine extraterrestre, mais cette première piste permettra à nos héros de progresser dans leur enquête. Car un mystère demeure tout de même. Pourquoi certaines personnes voient leur tête exploser après l'invasion des fourmis et d'autres  pas ? "Peu de gens le savent mais les insectes pètent” avance Gustav. On est moyennement convaincu par cette explication mais une chose est certaine, on ne regardera plus jamais les fourmis comme avant.

3Notre cerveau droit doit être choyé

Une fois leur cerveau grignoté, les “infectés” (“Bug people” en VO) changent radicalement de comportement. Ils deviennent plus sérieux et disciplinés, ne boivent plus d’alcool, renoncent au sexe et fréquentent assidument les salles de sport. Car, comme Gustav ne va pas tarder à le découvrir, ces insectes ne s’attaquent qu’à une partie bien spécifique de notre cerveau, celle qui est le siège de nos émotions.

Lors d’une scène hilarante où l’héroïne Laurel Healy (Mary Elizabeth Winstead, récemment vue dans 10 Cloverfield Lane) cherche à faire sortir les fourmis de son cerveau, Gustav cherche d’abord à mobiliser son cerveau cognitif en lui faisant réciter des choses qu’elle connaît (le nom des présidents des Etats-Unis) mais rapidement, il comprend qu’il faut s’adresser à la partie droite de son cerveau, celle qui gouverne ses émotions. L’objectif étant de faire appel à son instinct en lui faisant écouter de la musique, en la faisant danser, manger, en la rendant ivre pour finalement, lui faire avoir un orgasme qui sera salvateur et fera fuir les insectes.

Une astuce scénaristique qui s’appuie sur une croyance scientifique datant du XIXe siècle qui pensait que notre cerveau était latéralisé. Récemment, cette théorie a pourtant été remise en question comme l’explique le HuffingtonPost. Reste qu’on adore l’idée que le sexe serait le seul remède face à une invasion extra-terrestre.

4Mollo sur les smoothies

Si BrainDead épingle les hommes politiques, elle prend la liberté de se moquer plus largement de notre société qui nous pousse à être toujours plus performant. Dépeints comme des êtres dépourvus d’émotion, les “infectés” adoptent des comportements plutôt radicaux qui les transforment en machine à exécuter.

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Et pour exécuter au mieux, il est indispensable d’avoir une vie saine. Plus d’alcool, on se shoote désormais aux green smoothies et on vénère le chou kale. Plus de sexe non plus, on compense en faisant beaucoup de sport. Une façon de se moquer du diktat du tout healthy qui s’impose aujourd’hui. Allez, reprenez donc un peu de salami si vous ne voulez pas trop éveiller les soupçons...

5Les résumés en chanson > tous les résumés

Jalonnée de trouvailles futées et pertinentes, BrainDead a surtout marqué des points quand, au début du deuxième épisode, le traditionnel récapitulatif de l’épisode précédent (“Previously on…” en VO) s’est transformé en résumé chanté (et en rimes) entonné par un hypothétique téléspectateur de la série.

Comme le souligne le site américain Vulture, plus qu’un effet de style, aussi cool soit-il, “ces séquences nous donnent un indice sur la façon dont on doit regarder la série […] en mettant l’accent sur son côté comique plus que sur son côté thriller”. Une idée que l’on doit à Robert King qui souhaitait transformer ce résumé imposé, dont le but est uniquement informatif, en une séquence divertissante, partie intégrante de la série. Un véritable coup de génie qui mérite à lui seul de regarder les dix épisodes de BrainDead.

6Le groupe The Cars mérite d’être réhabilité

C’est l’autre chouette gimmick dans BrainDead. La présence dans quasiment chaque épisode d’un même morceau, le très eighties You Might Think du groupe américain The Cars.

“Les années 80 sont de retour !” fait remarquer un protagoniste de BrainDead pour expliquer l’omniprésence de ce tube de l’année 1984 dans la série. Mais ce morceau que les "infectés" écoutent en boucle a une autre utilité. En fait, c’est ce morceau qui confirme que toute cette conspiration est d’origine extraterrestre car l’intro au clavier de You Might Think a la même mélodie que des sons de l’espace enregistrés par la Nasa. Il suffit de revoir le clip de l’époque (premier titre à avoir remporté la récompense de "vidéo de l’année" aux MTV Video Music Awards) pour en être convaincu. Et même sans valider cette théorie, jetez-vous sur les albums récemment réédités de ces enfants de Roxy Music et des Modern Lovers”.

7Donald Trump est un extraterrestre ?

Le pilote de BrainDead débute par un plan sur des écrans de télévision montrant des interventions de Bernie Sanders, Sarah Palin, Hillary Clinton et Donald Trump avec le surtexte suivant : “En 2016, il y avait le sentiment croissant que les gens perdaient la tête, et personne ne savait pourquoi… jusqu’à maintenant.”

A quelques mois de l’élection présidentielle américaine, le timing de la diffusion de BrainDead ne pouvait pas mieux tomber. “Il est assez savoureux que ce 'décérébrage' se déroule avec Trump en toile de fond tant sa campagne est basée sur l’exploitation du cerveau reptilien des électeurs […] Surtout, ne pas réfléchir, surtout ne pas rationaliser les choses, réagir non avec sa matière grise, mais avec ses tripes” note sur son blog le spécialiste des séries, Pierre Sérisier. Votez BrainDead !