La BD de la semaine : "Fox-Boy", le renard-garou breton qui va vous réconcilier avec les super héros

Surtout, ne pas s'arrêter à l'autocollant sur la couverture du tome 1. "Le super-héros breton", peut-on lire en gros caractères sur fond rouge. Mais si Fox-Boy est un super-héros rennais, il évite soigneusement les clichés régionalistes. Pas de costume en queues d'hermines noires et blanches, mais une tenue orangée et moulante (ce n'est pas un renard pour rien), et pas question de combattre une version zombie de Merlin ou les nains sanguinaires de la forêt de Brocéliande. Donnez sa chance à ce comics français, dont les deux premiers tomes s'avèrent très prometteurs.

De quoi ça parle ?

Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. La phrase légendaire de Spiderman s'applique aussi à Pol Salsedo, alias Fox-Boy, qui était un lycéen ordinaire, et un peu raciste jusqu'à la soirée du solstice d'été. Pourchassé par trois loubards, Pol s'engouffre dans un stand à la fête foraine. Il tombe sur un mystérieux fakir qui le transforme en renard-garou doté de super-pouvoirs. Pol ne sera plus jamais le même. Et s'attachera désormais à combattre l'injustice dans les rues de sa ville, tout en maintenant secrète son identité auprès de ses proches.

Il y a du Peter Parker en Pol Salsedo, mais l'auteur Laurent Lefeuvre évite soigneusement de lui coller un Docteur Octopus dans les pattes. "Pour aller à contre-courant de ce qui se pratique généralement dans les comics (présentation rapide du héros, survenue des pouvoirs, arrivée d'une Némésis bien flippant et balèze - vous connaissez la chanson), j'ai souhaité prendre le luxe d'installer dans la longueur la personnalité, l'origine du héros et son environnement", explique l'auteur sur son blog.

Le Fox-Boy des origines est le héros des petites injustices, dans un quotidien ultra-réaliste, à mille lieues des rues sombres de Gotham ou des tours de Métropolis. Dans le tome 2, il devient même le premier héros masqué à skier à Super Besse, une station... auvergnate, quand Clark Kent ou Bruce Wayne auraient succombé aux charmes de Megève ou de Gstaad. "Je pensais être le Daredevil du pâté du maison", résume un jour Pol Salsedo. Il découvre petit à petit qu'il vaut bien mieux que ça.

Pourquoi on adore ?

Qu'on soit fan de comics ou novice dans le genre, on ne peut qu'être touché par le personnage, peint par petites touches, et dont les facettes se révèlent à chaque histoire, d'une tonalité très différente. La genèse du héros dans les rues de Rennes, un épisode auvergnat façon L'Ile Noire, une orgie de monstres dans un lac breton, il y en a pour tous les goûts. Et on évite le cliché du super-héros parodique et franchouillard, façon Superdupont, qui a cannibalisé le genre en France.

Chapeau bas à Laurent Lefeuvre, qui a géré la conception des deux albums de A à Z, et dont le travail soutient la comparaison avec les comics américains. L'auteur a mis en place un univers où chacun de ses albums se répond. ll a même poussé le vice jusqu'à créer une maison d'édition imaginaire chapeautant tous ses personnages, la R.O.A, et alimenter un blog à son sujet pendant des années, en y postant de fausses couvertures et en esquissant des dizaines de personnages. Il n'est pas nécessaire d'avoir tout lu pour apprécier les aventures du renard-garou. Mais que les fans de crossover se le disent, il n'y a pas que les Avengers dans la vie.

Fox-Boy, La nuit du renard (t.1) et Angle mort (t.2) de Laurent Lefeuvre, chez Delcourt, 112 pages chacun, environ 15 euros.

Si vous aimez Fox-Boy, courez lire Tom & William (au Lombard) et La merveilleuse histoire des éditions ROA (chez Mosquito) du même auteur.