"Star Wars" : les cinq erreurs que ne doit absolument pas commettre "Le Réveil de la Force"

(DAVID JAMES / LUCASFILM 2015)

J-1. Dans quelques heures, il sera enfin possible de voir le film le plus attendu de l'année, pour ne pas dire de la décennie... Le Réveil de la Force sort mercredi 16 décembre en France et après des dizaines de bandes-annonces aussi réussies les unes que les autres, on va enfin savoir ce que cet épisode VII a dans le ventre.

Problème : cette excitation est accompagnée d'une grosse inquiétude. Et si c'était raté ? Tous les fans de la saga Star Wars ont encore en mémoire la grosse déception ressentie après la sortie de la deuxième trilogie, qui était loin, très loin du niveau de la première. Pour éviter toute nouvelle déconvenue, chez Pop Up', on croise les doigts pour que le film de J.J. Abrams évite cinq erreurs majeures.

1Avoir trop recours aux fonds verts

Lorsqu'il sort en 1977, Un nouvel espoir met une grande claque visuelle à ses spectateurs. Pour créer de A à Z un univers situé dans une galaxie très lointaine où les gigantesques vaisseaux spatiaux sont légions et les races extraterrestres multiples, George Lucas a recours à de nombreux effets spéciaux qu'il a lui-même inventés grâce à sa petite société fondée en 1976, Industrial Light & Magic (ILM). Le résultat est saisissant et le film décroche l'oscar des meilleurs effets visuels en 1977. Une récompense glanée aussi par L'Empire contre-attaque et Le Retour du Jedi, qui proposent aussi des effets spéciaux révolutionnaires à l'époque.

Du coup, quand George Lucas se lance dans sa nouvelle trilogie en 1999, il veut de nouveau casser la baraque. Il incruste alors ses comédiens filmés sur fond vert dans des cités entièrement virtuelles et crée de nombreux personnages en images de synthèse. Mais la magie n'opère plus. A trop utiliser les effets spéciaux numériques, George Lucas ne parvient plus à rendre son univers crédible comme dans la première trilogie. Les fans crient au scandale face à certaines scènes qui rompent le charme, comme le rappelle Numerama, grâce à ce montage photos où des stormtroopers des épisodes IV et II sont présents. 

Mais les critiques ont, semble-t-il, été entendues car toute la production du Réveil de la Force n'a eu de cesse de mettre en avant que J.J. Abrams avait privilégié des effets spéciaux plus traditionnels (costumes, décors construits...) pour l'épisode VII. "Je crois que de plus en plus de gens sont fatigués de voir des films où les effets numériques priment sur l'histoire, a ainsi expliqué à la radio Girls in Hoodies Rian Johnson, le réalisateur de Looper, qui travaille actuellement sur Star Wars VIII. Toujours est-il que sur Star Wars VII, l'équipe revient à des effets spéciaux plus physiques. Et c'est génial ! Ils sont en train de créer des choses magnifiques sur ce projet où les artistes privilégient les effets en dur. C'est comme si la gravité elle-même nous ramenait à cela."

2Faire revenir Jar Jar Binks... ou les ewoks

C'est l'ennemi public numéro un pour n'importe quel fan de Star Wars. Jar Jar Binks, ce personnage en image de synthèse naïf et maladroit débile et insupportable, a marqué à jamais la deuxième trilogie. Introduit dans l'épisode I, La Menace fantôme, ce gungan a, de suite, été pris en grippe par les spectateurs qui lui ont reproché, en vrac, son look, sa façon de parler (certains n'hésitant pas la qualifier de raciste) ou son rôle dans l'histoire. Si ce n'est pour séduire un (très) jeune public qui pourrait être réceptif aux gags de ce personnage, difficile de comprendre pourquoi George Lucas a donné naissance à une telle aberration, sacré plus mauvais personnage de l'histoire du cinéma en 2006.

D'ailleurs, les critiques ont été si vives à la sortie de l'épisode I que Jar Jar Binks a rapidement disparu au fil des épisodes II et III. "Au fond, c'est du cinéma, si le personnage ne passe pas pour les spectateurs, il ne passe pas, confie ainsi au magazine Vice Ahmed Best, l'interprète de Jar Jar Binks. Du coup, vu que le personnage n'était pas vraiment le chouchou des fans, je peux comprendre qu'il ait un peu disparu."

Le pire, c'est que George Lucas est un récidiviste. Le créateur de la saga avait déjà introduit des personnages clairement destinés à séduire les enfants dans l'épisode VI : les ewoks. Ces boules de poils à la croisée entre les ours en peluche et les yorkshires plombent ainsi la fin du Retour du Jedi avec leurs babillages et danses ridicules. L'acteur-réalisateur britannique Simon Pegg (Shaun of the Dead, Hot Fuzz), qui retrouve J.J. Abrams dans Le Réveil de la Force après avoir tournée avec lui dans les deux reboot de Star Trek, livre ainsi l'analyse la plus juste sur ces deux créations polémiques de George Lucas : "Jar Jar Binks fait passer les ewoks pour des putains de Shaft", explique-t-il au New York Daily News (en anglais).

Mais que Simon Pegg et tous les haters de Jar Jar Binks se rassurent, on ne devrait pas voir l'insupportable gungan dans l'épisode VII, malgré la récente hype autour de ce personnage générée par une folle théorie qui fait de lui l'être le plus important de la saga. "Harrison Ford a insisté pour qu’il n’y soit pas", a expliqué la productrice du film Kathleen Kennedy, lors d'une conférence de presse organisée à Los Angeles (Etats-Unis) le 8 décembre. L'acteur qui incarne Han Solo a même tenu à préciser, pince-sans-rire : "C’était dans mon contrat." Et pas d'inquiétudes à avoir aussi du côté des boules de poils d'Endor. "Il n’y aura pas d’ewoks vivants", a déclaré J.J. Abrams. Ouf !

3Abuser de la fibre nostalgique

Vous avez dit madeleine de Proust ? Il suffit de quelques notes de la BO de John Williams ou d'un bruit de sabre laser pour que n'importe quel amateur de la série se retrouve plongé dans ses souvenirs de gosse. A cette douce époque où il découvrait les aventures de Luke Skywalker et Dark Vador sur petit ou grand écran.

Lors de la sortie de la deuxième trilogie, George Lucas a joué à fond sur cette fibre nostalgique. Par obligation d'abord : ces trois nouveaux films formant un prequel, il fallait tisser des liens avec la première trilogie pour former un tout cohérent. Mais le réalisateur a aussi adressé de nombreux clins d'œil aux fans dans les épisodes I, II et III, histoire de ne pas les dépayser et leur montrer que c'est toujours Star Wars et que c'est toujours cool.

Sauf qu'à trop utiliser cette technique, la deuxième trilogie passe de la séduction au racolage actif. A force de multiplier les références, l'histoire se retrouve prisonnière d'un récit qui n'apporte aucune nouveauté. Et ce pourrait être la force de cette troisième trilogie, inaugurée par Le Réveil de la Force, que de se projeter vers l'avenir, près de quarante ans après Le Retour du Jedi, et de défricher de nouvelles intrigues. Si la production n'a eu de cesse de mettre en avant le fait que les personnages principaux de la première trilogie (Han Solo, Luke Skywalker, princesse Leia, Chewbacca) seraient de la partie, espérons que leur présence soit plus synonyme d'un passage de témoin pour une nouvelle génération qu'un moyen de faire plaisir aux fans.

4Viser uniquement le jeune public

L'une des forces de la première trilogie a été sa capacité à plaire autant aux enfants qu'aux adultes. Chacun peut y trouver son compte car il y a un équilibre entre l'action spectaculaire et le récit, travaillé, qui permet une double lecture à l'image de ce que proposent certaines productions de Pixar comme Toy Story ou Vice-Versa.

Un équilibre quasiment absent de la deuxième trilogie qui s'adresse clairement au jeune public. Entre le personnage de Jar Jar Binks, celui du jeune Anakin aussi insupportable que Macaulay Culkin et sa romance à l'eau de rose avec la princesse Amidala (mon dieu, cette scène dans la prairie dans La Guerre des clones...), tout semble fait pour rendre ces films plus abordables, pour ne pas dire niais. Seul l'épisode III tire à peu près son épingle du jeu en proposant une atmosphère et une histoire plus adulte et sombre.

S'il est difficile de savoir dans quelle mesure le film sera plus équilibré en se basant uniquement sur les bandes-annonces, nous savons déjà que Le Réveil de la Force contient des scènes susceptibles de heurter la sensibilité du jeune public. Aux Etats-Unis, la Motion Pictures Association of America (MPAA) a, en effet, décidé de lui attribuer le visa PG-13, soit déconseillé aux enfants de moins de 13 ans, rappelle Metronews.

5Transformer le film en catalogue de jouets

Si George Lucas est devenu milliardaire, c'est certes grâce à la saga Star Wars, mais surtout grâce à son coup de génie lors de ses négociations avec le studio 20th Century Fox, qui se montrait frileux face à ce projet à la fin des années 1970. Pour le convaincre, George Lucas renonce à son salaire de réalisateur en échange de 40% des recettes et des droits sur le merchandising, à l'époque peu développé par les distributeurs.

Et c'est le jackpot ! Grâce au succès des films en salles, qui se transforme en véritable phénomène culturel, on estime à plus de 20 milliards de dollars les profits générés par le merchandising depuis plus de trente ans, dont 15 milliards pour les seuls jouets, maquettes et figurines de toutes sortes, rappelle Le PointDes profits qui ont été dopés lors de la sortie de la deuxième trilogie qui a apporté son lot de nouveaux personnages accompagnés de leurs divers véhicules qui se sont retrouvés immédiatement dans les rayons des magasins de jouets. 

Toutefois, certains se sont demandé si cette imagination débordante, voire envahissante, dans les épisodes I, II et III ne cachait pas une volonté de solliciter encore plus le porte-monnaie des fans en leur proposant toujours plus de figurines à acheter. Une stratégie qui pourrait bien être appliquée de nouveau dans Le Réveil de la Force. La saga appartenant désormais à Disney, qui a toujours su se montrer prolixe en termes de produits dérivés, on peut légitimement s'inquiéter. Reste à espérer que J.J. Abrams n'ait pas cédé au côté obscur de la Force en truffant son film de véhicules et personnages inutiles destinés à remplir la hotte du père Noël. En même temps, il a l'air cool le BB-8 radio-commandé...