Les trois BD de la rentrée à lire absolument

On a tendance à l’oublier, mais la rentrée littéraire se fait aussi côté BD. Pour s’y retrouver dans la jungle des albums qui débarquent dans nos librairies cet automne, Pop Up’ a défriché le terrain pour vous proposer son podium.

1"California dreamin’" de Pénélope Bagieu (Gallimard)

Ellen Cohen n’aurait jamais dû chanter California dreamin’. Comment cette adolescente boulotte, petite-fille d'immigrés juifs de Russie, s'est-elle métamorphosée en Cass Elliott, l'exubérante figure charismatique de The Mamas & The Papas, le groupe à l'origine du tube de l’année 66 ? A travers les voix narratives de ses proches, Pénélope Bagieu construit une “biographie fictionnelle” drôle et attachante de l’excentrique Mama Cass, associée à jamais à une chanson devenue mythique.

Pour l’occasion, la dessinatrice a délaissé sa tablette graphique et usé des dizaines de crayons de papier pour bâtir un album en noir et blanc, majestueux de spontanéité et de justesse. Une plongée dans l'Amérique des années 60 qui découvre The Beatles et le LSD. Touchant et nostalgique, jamais un roman graphique n'aura autant donné envie d'écouter de la musique. Le gros coup de cœur de cette rentrée.
Découvrez les premières planches de California dreamin', avec Sequencity.

 

California Dreamin’ de Pénélope Bagieu, Gallimard, 280 p., 24 euros environ.

2"Deadly Class, tome 1 - Reagan Youth" de Rick Remender et Wes Craig (Urban Comics)

Les années collège ont laissé chez beaucoup d’entre nous un souvenir mitigé, mais chez Rick Remender, scénariste de Deadly Class, ça sent carrément le gros traumatisme. Sans tomber dans l’autobiographie façon Sans Famille, Remender nous raconte l’histoire de Marcus, un adolescent nicaraguayen. Devenu SDF après la mort de ses parents, il intègre une école qui forme de futurs assassins avec pour objectif ultime de tuer Ronald Reagan, qu'il estime responsable de ses malheurs.

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Bienvenue à l’Académie Kings Dominion des Arts Létaux, une école où les cours de maths et de français ont été remplacés par des cours de poison et de psychologie de l’assassin. Ou comment l'auteur du comic utilise une métaphore ingénieuse pour parler de la violence de notre société autant que de celle, tout aussi traumatisante, de l'âge ingrat.

Magnifiquement porté par le dessin très graphique de Wes Craig et les aplats de couleurs de Lee Loughridge, Deadly Class brosse le glaçant portrait d’une adolescence nihiliste et stupide dans laquelle beaucoup de lecteurs risquent de se retrouver.

Deadly Class, tome 1 - Reagan Youth de Rick Remender et Wes Craig, collection Urban Indies chez Urban Comics, 160 p., 10 euros. Le tome 2 sera disponible le 6 novembre.

3"Olympia" de Vivès, Ruppert et Mulot (Dupuis)

Après le Louvre, direction le Petit Palais pour nos braqueuses préférées. Trois ans après La Grande Odalisque (prix Landerneau 2012), la triade de pieds nickelés au féminin, imaginée par Bastien Vivès et le binôme Ruppert & Mulot, reprend du service. Sans grande nouveauté, nos drôles de dames délurées vont une fois encore devoir faire preuve d’ingéniosité pour dérober, non pas un, non pas deux, mais trois tableaux !

9782800163437

On se délecte toujours autant de la drôlerie des dialogues de Vivès (Lastman), des décors si caractéristiques de Ruppert et Mulot (La Technique du périnée) et des sublimes couleurs pastel de la coloriste Isabelle Merlet. Rien de nouveau donc, mais un immense plaisir à retrouver ces Cat’s Eyes parisiennes.

Olympia de Bastien Vivès et Ruppert & Mulot, Dupuis, 140 p., 20 euros environ. Disponible le 16 octobre.